La Grèce, berceau de la crise démocratique en Europe

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Par Christophe Ayad

Europe : la démocratie en crise 1|6. Le 13 juillet 2015,  le premier ministre, Alexis Tsipras, accepte un plan de sauvetage pourtant retoqué  par un référendum quelques jours plus tôt. Cela marque une rupture entre l’opinion et l’UE.

C’est une belle villa sur une avenue de misère. Une demeure ancienne de patriciens, posée le long de Pireos, la grande artère qui relie la place Omonia, au centre d’Athènes, au port du Pirée. Au crépuscule, elle offre le spectacle lugubre de pauvres hères déambulant sur des trottoirs défoncés.

Depuis la crise, Omonia est devenue le grand carrefour des migrants et de la drogue. La villa aux volets clos y fait figure d’anachronisme. Elle abrite le siège de la Fondation Papandréou, du nom de la dynastie politique qui a donné à la Grèce trois premiers ministres.

Le dernier d’entre eux, Georges, restera probablement dans l’histoire comme le messager d’un grand malheur, celui par qui « la crise » est arrivée. Une décennie de plans d’austérité qui ont laissé le pays exsangue et endetté pour des années. Comme sous la Grèce antique, où l’on tuait le porteur de mauvaises nouvelles, Georges Papandréou est mort. Politiquement. Personne, même parmi ceux qui lui ont conservé estime et affection, ne l’imagine revenir au pouvoir. Un fantôme dans une maison fantôme.

Les volets clos de la fondation cachent une agitation fébrile. Georges est de passage. Le « boss » reçoit dans son bureau avec l’élégance, l’affabilité et le flegme qui le caractérisent. Grand, mince, l’air triste, il semble flotter dans ses vêtements. Avant toute chose, il tient à faire visiter sa terrasse. La vue sur l’Acropole est saisissante et, à ses pieds, le champ de ruines de Keramikos. Ce site au charme byronien, explique-t-il, était un cimetière, mais aussi l’endroit où l’on façonnait les tablettes de céramique qui servaient à voter sous l’Antiquité. L’un des lieux où la démocratie élective a été inventée. Il ajoute : « C’est aussi là que Périclès a prononcé un célèbre discours à la mémoire des soldats athéniens morts dans la guerre contre Sparte. Il y a fait l’éloge d’Athènes et de la démocratie. » Démocratie, guerre, cimetière, tout y est : l’histoire peut commencer.

Symbole de soumission

Car c’est bien en Grèce, là où la démocratie a été inventée et où l’Europe a trouvé sa source, que la démocratie européenne est entrée en crise.

Avant le Brexit, avant la vague populiste qui secoue le continent européen, la Grèce est devenue le symbole de la soumission brutale des peuples à l’austérité budgétaire voulue par Bruxelles et Berlin. La finance et les technocrates plus forts que les gouvernements élus.

Car, de son éclatement en 2010 à la sortie du dernier plan d’aide en 2018, c’est surtout la gauche grecque que la crise a fait exploser. D’abord le Pasok de Papandréou, qui a coulé corps et biens aux élections de 2012, puis Syriza, le parti de gauche radicale de l’actuel premier ministre Alexis Tsipras, contraint d’appliquer le troisième mémorandum malgré un référendum le rejetant massivement en 2015. L’une après l’autre, la gauche sociale-démocrate et la gauche radicale ont été laminées par l’Union européenne (UE), suscitant, sur le reste du continent, une onde de choc qui a considérablement affaibli la confiance dans la démocratie représentative et dans la viabilité d’une gauche démocratique.

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