« Dès les années 1950, les décideurs français ont utilisé l’Europe pour promouvoir une mondialisation régulée »

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L’historien Laurent Warlouzet rappelle dans une tribune au « Monde » que, loin d’un « retour du protectionnisme », la régulation du libre-échange par les institutions européennes est une demande traditionnelle de la France, un enjeu devenu stratégique dans un contexte de guerre commerciale exacerbée.

Publié aujourd’hui à 14h00 Temps de Lecture 4 min.

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« Le Brexit démontre par l’absurde l’impasse de l’isolement sur la scène internationale. » (Photo : manifestant anti-Brexit, le 15 mai à Londres.)
« Le Brexit démontre par l’absurde l’impasse de l’isolement sur la scène internationale. » (Photo : manifestant anti-Brexit, le 15 mai à Londres.) HANNAH MCKAY / REUTERS

Tribune. Alors que presque tous les programmes des candidats aux élections européennes se teintent d’une coloration protectionniste, le risque de guerre commerciale américano-chinoise fait planer l’ombre d’un retour possible aux années 1930, celles du nationalisme économique et politique. Pour autant, il importe de dissocier l’évolution du discours sur le protectionnisme en France de celle, plus profonde, d’une dynamique de mondialisation qui devient de plus en plus menaçante, et légitime le projet, déjà ancien, de réguler cette dynamique par la construction européenne.

Si aujourd’hui, l’utilisation du mot « protectionnisme » est plus répandue, la position des dirigeants français est, sur le fond, restée constante depuis l’après-guerre. Face à l’internationalisation des échanges, tous les gouvernements ont défendu un libre-échange mondial régulé par des organisations européennes tempérant ses excès. Les deux termes de l’équation sont indissociables.

D’un côté, la France doit exporter, d’abord pour payer ses importations – en 2017, le déficit énergétique s’est élevé à presque 40 milliards d’euros –, et ensuite pour assurer la prospérité des secteurs excédentaires, qui demeurent identiques depuis des décennies – l’agroalimentaire, l’aéronautique, le luxe, la cosmétique, ou le tourisme.

D’un autre côté, les effets nocifs d’un libre-échange sauvage sont bien connus, en particulier le dumping social et écologique. Dès les années 1950, les décideurs français ont utilisé les différentes organisations européennes pour promouvoir une mondialisation régulée. Le général de Gaulle refusa en 1958 la zone de libre-échange britannique au profit d’une Communauté européenne fondée sur une harmonisation partielle des législations. Ses successeurs se sont inscrits dans ses pas, avec notamment la promotion de la « préférence européenne » dès les années 1980.

La véritable mutation actuelle réside plutôt dans l’agressivité accrue de la dynamique mondialisatrice pour la France et pour l’Europe, surtout depuis l’élection de Donald Trump, en 2016.

Une rupture de fond

Le nouveau président américain marque une rupture de fond par son imposition unilatérale de tarifs douaniers sur une large gamme de produits, à l’encontre de tous ses principaux partenaires commerciaux. Certes, les tentations protectionnistes des présidents américains ne sont pas nouvelles, mais elles deviennent aujourd’hui systématiques et structurelles. Toutefois, elles sont encore peu visibles dans les statistiques.

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