« Il faut construire une Europe sociale pour sauver la zone euro »

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Dans une tribune au « Monde », le président de l’OFCE estime que seul un projet d’institution sociale, comme une assurance-chômage européenne, peut sauver l’Union du repli sur les politiques nationales.

Publié aujourd’hui à 14h30 Temps de Lecture 4 min.

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Tribune. La campagne des élections européennes est un rendez-vous manqué pour le débat sur l’avenir de l’Union. Les différents programmes contournent le problème majeur, que l’on peut formuler ainsi : l’intégration économique et monétaire, qui devait rapprocher les peuples, contribue aujourd’hui à les séparer ! En effet, jamais les économies européennes n’ont autant divergé que depuis la création de la monnaie unique. Mais il ne faut pas laisser la critique de cette situation aux seuls projets de replis nationaux. Au contraire, une grande lucidité est nécessaire afin de construire une Europe sociale, condition de la survie de la zone euro.

Prenons la mesure des divergences. Le niveau de richesse italien par tête n’a pas encore retrouvé son niveau d’avant-crise. Pire encore, cela fait maintenant vingt ans que la production par travailleur est constante en Italie, et c’est une situation inédite pour un grand pays développé. La contestation sociale y est forte, tout comme la tentation d’augmenter le niveau de vie par la hausse de la dette publique, déjà élevée (130 % du PIB). Autre exemple, la France et l’Allemagne avaient la même compétitivité au début des années 2000. Aujourd’hui, l’Allemagne est le pays le plus exportateur du monde, devant la Chine ! Et la France est désormais le pays le moins exportateur de la zone euro, un piètre résultat que dissimule la sous-évaluation actuelle de l’euro.

Ce déséquilibre des compétitivités est encore plus patent pour les pays exportateurs d’Europe du Nord. Les Pays-Bas exportent plus de 10 % de leur richesse nationale, bien au-delà des seuils européens définissant un déséquilibre économique (6 %). Mais demander un rééquilibrage européen, pourtant nécessaire, va à l’encontre des intérêts de court terme de ces pays, qui devraient investir ou faire davantage reposer leur économie sur la demande interne. Il n’est dès lors pas surprenant de voir ces pays s’opposer au projet d’un budget européen de stabilisation, dans une lettre commune envoyée aux institutions européennes début mai.

Un système dual

Pour prendre la mesure des divergences, la comparaison des taux de croissance ne suffit pas, car ces derniers sont changeants. Les situations opposées de la France et de l’Allemagne se mesurent plutôt dans la situation des finances publiques. De 1980 à 2010, les dettes publiques étaient pratiquement identiques entre les deux pays, équivalant à 80 % de la richesse nationale en 2010. Depuis, ce taux a divergé, passant à près de 100 % en France et à environ 60 % en Allemagne aujourd’hui. Pour illustrer ce fossé, disons que, si l’on estime à 17 milliards d’euros le coût des mesures en faveur des ménages en France à la suite du mouvement des « gilets jaunes », l’Allemagne pourrait financer cinquante fois ces mesures avant d’atteindre le taux d’endettement français !

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