L’Irlande, le pays qui aime l’Europe

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ENDA BOWE POUR “M LE MAGAZINE DU MONDE”

Par Philippe Bernard

Quand certains ont l’impression de perdre leur souveraineté à cause de Bruxelles, les Irlandais, eux, y voient un instrument d’émancipation et de développement. Un constat renforcé par la peur des conséquences du Brexit.

Le sol de la poissonnerie de John Kirwan resplendit d’un pimpant bleu marine, comme la mer d’Irlande qui lui fait face, et pas très différent de celui du drapeau européen. Un pur hasard évidemment. Mais un formidable symbole.

On cherchait un lieu emblématique de l’attachement viscéral des Irlandais à l’Union européenne (UE) – 93 % d’entre eux souhaitent que leur pays y demeure selon un récent sondage. Bâtiment ? Pont ? Site historique ? « Cela n’existe pas. L’Europe n’est nulle part en particulier en Irlande, car elle est partout et en chacun de nous. Etre irlandais, c’est être Européen », nous ont répondu en chœur les intéressés consultés.

Alors nous sommes partis à Clogherhead, minuscule port de pêche situé au nord de Dublin, à quelques encablures de la frontière avec l’Irlande du Nord britannique. La nouvelle jetée a été cofinancée par l’UE, comme le hangar qui abrite le magasin de John Kirwan. Scellée dans le béton, une plaque d’inauguration frappée du drapeau bleu constellé d’étoiles d’or, le rappelle. Personne ne la voit.

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Mais depuis 2007, la digue « européenne » de Port Oriel, en contrebas de Clogherhead, protège du terrible vent de nord-est une flottille de chalutiers appartenant à des artisans pêcheurs locaux. Elle a sauvé de la mort lente un mouillage trop dangereux.

Jonathan, fils de John, y amarre régulièrement son Argonaut IV, comme l’ont fait avant lui son père et deux générations d’aïeux autrefois. L’entreprise familiale est devenue une attraction locale, entre promenade sur les rochers et découverte des bateaux colorés. On vient de loin pour acheter les prises du jour ou faire le plein de chowder, savoureuse soupe de poisson locale. « En direct de notre bateau. Du poisson frais chaque jour », annonce l’enseigne, d’un bleu vif elle aussi. Eglefin, colin, merlan, thon, crevettes s’étalent joliment sur leur lit de glace dans une bonne odeur de marée. Et le week-end, à midi pile, lorsque le stand de fish and chips attenant au magasin ouvre, la file d’attente est déjà longue.

Histoire postcoloniale

La vérité est que la conversation avec le patron n’a pas commencé exactement comme un spot de propagande pour l’Europe des Vingt-Sept, sans le Royaume-Uni. « Il y a quatre ans, j’étais pour la sortie de l’UE et de ses quotas injustes qui permettent aux Français de pêcher trois fois plus que nous, y compris dans nos propres eaux. »

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