Au Maroc, la dernière zone humide de Casablanca est en danger

0
178

[ad_1]

Le site de Dar Bouazza, dernier poumon vert de la capitale économique marocaine et véritable écrin de biodiversité, est menacé par l’urbanisation.

Par Théa Ollivier Publié aujourd’hui à 09h32

Temps de Lecture 4 min.

Article réservé aux abonnés

La zone humide de Dar Bouazza se situe à une quinzaine de kilomètres de Casablanca, la capitale économique marocaine.
La zone humide de Dar Bouazza se situe à une quinzaine de kilomètres de Casablanca, la capitale économique marocaine. Association pour la préservation du patrimoine, de l’environnement et du littoral de Dar Bouazza

« Regardez ces canetons qui mangent sous le regard vigilant de leur mère ! C’est une nette rousse, une espèce quasi menacée », lance Benoît Maire, en ajustant rapidement sa longue-vue entre les joncs. Cet amateur aguerri d’ornithologie fait découvrir à une dizaine de passionnés la richesse de la « daya » (zone humide en dialecte marocain) de Dar Bouazza. Cette étendue verte, qui tranche avec les champs de blé jaunis, est la dernière zone humide de Casablanca, à une quinzaine de kilomètres de la capitale économique.

Lire aussi La biodiversité africaine, patrimoine sous pressions

« On se demande comment la daya tient encore. La biodiversité a peu de poids par rapport à l’appétit des promoteurs immobiliers », s’inquiète M. Maire, membre du Groupe ornithologique du Maroc (Gomac). Depuis 2012, il observe cette zone humide, désormais encerclée par les lotissements de la commune de Dar Bouazza. Cet ancien village de pêcheurs est devenu une ville balnéaire en pleine expansion. Sa daya risque alors de disparaître, comme 85 % des zones humides mondiales selon le rapport de l’ONU sur la biodiversité publié le 6 mai.

Un écosystème riche déjà déséquilibré

« Nous avons répertorié 190 espèces d’oiseaux sur un site de 18 hectares, c’est énorme. Certaines sont endémiques au Maroc, mais des milliers de migrateurs viennent aussi d’Europe du Nord, voire de Sibérie », s’enthousiasme M. Maire, qui rappelle l’importance internationale du site. Certaines espèces sont classées sur la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), comme le fuligule nyroca. « Ce canard acajou se reproduit ici alors qu’il est en déclin à l’échelle mondiale. Si la daya disparaît, cet oiseau aussi. Ce serait une perte sèche pour la biodiversité », anticipe l’ornithologue.

Lire aussi Lacs, rivières, marais et mangroves disparaissent à grande vitesse

Dans cette zone humide au bord de l’océan Atlantique, le bruit des oiseaux et des insectes se mélange au ronronnement des vagues. Un écosystème riche qui est déjà déséquilibré, constate Abdallah Bouazza, docteur en biologie à l’université de Marrakech. « On remarque par exemple une consanguinité et une baisse de la densité des amphibiens. Ceci est dû à la perturbation de leur milieu naturel, provoquée par l’activité humaine », analyse-t-il.

Réservoir d’eau douce, amortissement des crues, protection contre les inondations. La disparition de la daya aurait un impact pour les habitants. « Nous craignons une artificialisation de la zone, s’agace Pascal Dupuis, botaniste du Gomac. C’est insensé de construire sur ce terrain alors que le pays est en stress hydrique. »

[ad_2]

Source link

Have something to say? Leave a comment: