Ece Temelkuran et le poison insidieux du populisme

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Dans « Comment conduire un pays à sa perte. Du populisme à la dictature », la journaliste turque, exilée à la suite du coup d’Etat militaire raté de juillet 2016, analyse la mutation politique de son pays.

Par Marc Semo Publié aujourd’hui à 06h30

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« Comment conduire un pays à sa perte. Du populisme à la dictature », d’Ece Temelkuran. Stock, 224 pages, 21,50 euros.
« Comment conduire un pays à sa perte. Du populisme à la dictature », d’Ece Temelkuran. Stock, 224 pages, 21,50 euros. DR

Le livre. Journaliste turque et écrivaine désormais exilée, Ece Temelkuran a de l’humour. C’est ce qui l’a toujours sauvée, du moins jusqu’à un certain point. « Chaque rire est comme une lampe qui clignote dans le noir en les rendant eux, le dirigeant et ses sympathisants, moins terrifiants », aime-t-elle à rappeler tout en reconnaissant que « le rire collectif donne l’illusion de ne pas céder à l’humiliation et offre un aveuglement apaisant, une chambre forte où se réfugier pour se préparer à se battre sérieusement dans le futur ».

Sa vie a basculé dans la nuit du 15 au 16 juillet 2016 lors du coup d’Etat militaire raté, quand toutes les mosquées du pays hurlaient la « Salat », la prière des morts, pour galvaniser la population contre la poignée de putschistes. Pur produit de l’élite républicaine et laïque, grandie à Ankara dans une famille politisée, elle comprit dès lors que ce pays n’était plus le sien. Le coup d’Etat raté a offert au président turc l’occasion d’une implacable et massive reprise en main. C’est à Londres face à des amis britanniques compatissant lui demandant ce qu’ils pouvaient faire pour elle qu’Ece Temelkuran a eu l’idée du livre.

Un phénomène global

« Croyez-le ou non, ce qui s’est passé en Turquie va vous arriver. Ce non-sens politique est un phénomène global. Et donc, en retour, je vous demande : que puis-je faire pour vous », écrit la jeune femme dans cet essai aux accents pamphlétaires sur la manière dont meurent les démocraties sous les coups de boutoir des populismes et le « désir suspect du je de se confondre en un nous ». Les formes en varient mais du vote des Britanniques en faveur du Brexit à celui des Américains pour Donald Trump, on retrouve cette pulsion.

« Nous sommes le vrai peuple », martelaient les militants islamistes qu’elle rencontre en Anatolie en 2002 au début de l’envolée politique de l’AKP, le parti d’Erdogan, qui dès novembre 2002 gagna les élections et toutes celles qui ont suivi. Bien que le pouvoir se soit fissuré pour la première fois avec la perte d’Ankara et d’Istanbul lors des municipales de mars, il reste largement hégémonique. Si elle analyse avec finesse cette mutation politique en Turquie, elle est souvent banale quand elle évoque le Royaume-Uni ou les Etats-unis.

Après avoir longtemps hésité, Ece Temelkuran a finalement choisi de quitter son pays. « Le plus terrible n’est pas tant la peur de l’arrestation que son imprévisibilité et cela devient quelque chose de toujours plus obsédant », explique la journaliste qui a finalement décidé de s’installer… à Zagreb. « Un lieu neutre qui n’a aucun sens particulier à la différence, par exemple, de Londres, Paris, Berlin ou Salonique où sont installés nombre d’intellectuels fuyant la répression », précise-t-elle en riant. Mais la Turquie est là, en elle, « pleine d’émotion, de rage, de douleurs et d’espoirs ». D’où son choix désormais d’écrire en anglais, « car écrire en une autre langue permet de prendre de la distance ».

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