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Les enjeux de la santé auditive
Depuis les années 1980, la lutte contre le tabagisme et la pratique d’une activité physique font partie des axes majeurs de la prévention cardiovasculaire. De même, le souci d’une bonne hygiène bucco-dentaire est complètement entré dans les mœurs. Les conseils nutritionnels sont devenus des piliers de l’éducation à la lutte contre le diabète et l’obésité. Mais qu’en est-il de la santé auditive ? Le système auditif est une merveille de sensibilité. Il permet de distinguer des sons dont la fréquence ne varie que de quelques hertz, et l’intensité, de quelques décibels. Cependant, il est aussi d’une grande fragilité, car il dispose seulement d’un petit nombre de cellules sensorielles dans chaque oreille qui, une fois abîmées, ne se régénèrent pas. Or avec le bruit croissant auquel il est quasiment impossible d’échapper, le système auditif fonctionne en surrégime et le risque de lésions durables devient de plus en plus important.
Il y a aussi l’âge, bien que le vieillissement auditif ne soit plus réservé seulement au troisième âge et qu’il concerne des personnes de plus en plus jeunes. Si l’on ajoute que les pathologies auditives condamnent à l’isolement et s’associent au déclin cognitif, on comprend qu’il est urgent d’apprendre comment préserver ses oreilles et comment agir dès les premiers signes de malentendance, car contrairement à ce que l’on croit, il est possible de soutenir activement sa santé auditive.
Il faut alors faire appel aux audioprothésistes. L’activité principale de ces professionnels de l’audition consiste à installer et régler des appareils d’aide auditive, c’est-à-dire des appareils placés autour de l’oreille ou dans le conduit auditif. Ils amplifient les sons que ne perçoivent plus les patients atteints de surdité plus ou moins sévère, en particulier les personnes âgées.
Voyage au centre de l’audition
L ‘oreille est l’organe chargé de transmettre l’information sonore vers le cerveau : l’oreille externe (la partie visible) capte les ondes sonores et les propage jusqu’au tympan, une fine membrane qui se met à vibrer comme un tambour, ce qui fait bouger les trois osselets situés juste derrière et diffuse le mouvement vibratoire à une structure de l’oreille interne enroulée en spirale, qui porte le nom de cochlée (escargot en grec). La cochlée contient des cellules ciliées, qui analysent et codent la vibration sonore en influx nerveux, lequel est ensuite transmis au cerveau par le nerf auditif.
Enfin, le cerveau auditif traduit le message nerveux pour en faire une perception consciente. La perception du son doit donc être de bonne qualité pour que le décodage puisse se réaliser correctement et en un temps éclair. Pour cela, les cellules ciliées de la cochlée sont capitales : grâce au mouvement de leurs cils, elles assurent la transduction, c’est-à-dire qu’elles créent l’étincelle au départ du nerf auditif. Chacune d’elles est programmée pour reconnaître une certaine fréquence, mais le hic, c’est que lorsque les cils se couchent ou cassent, ils ne se redressent ni ne se reconstituent. Les dommages causés sont irrévocables et la série de sons dont ils s’occupaient est alors perdue pour toujours.
La question de la régénération des cellules ciliées préoccupe évidemment les chercheurs du monde entier. Cependant, jusqu’à présent, malgré le foisonnement des essais, aucune équipe n’a encore réussi la prouesse d’obtenir une repousse chez l’homme. Dès lors, il est indispensable de prendre les mesures nécessaires pour préserver une audition claire et normale le plus longtemps possible.
Alerte au bruit
Il est évident que le bruit agresse vos oreilles, mais vous n’imaginez peut-être pas à quel point… Le muscle stapédien est le plus petit muscle du corps. Il fait référence au stapia, en latin l’étrier, car il est fixé sur l’un des trois osselets de l’oreille moyenne. Un bruit intense déclenche la contraction réflexe du stapia. L’étrier bascule, ce qui rigidifie le système et diminue l’amplitude de la propagation aux cellules ciliées. Ce réflexe se déclenche normalement quand le son dépasse les 80 dB (le bruit d’une cantine scolaire ou d’une route fréquentée) afin de protéger l’oreille interne, mais comme tous les muscles, le stapia se fatigue et lâche au bout d’un certain temps. Il résiste quelques minutes en discothèque, mais seulement quelques secondes devant un marteau-piqueur.
Son efficacité est en réalité trop limitée pour résister à la puissance sonore du monde moderne. Si le bruit devient douloureux à partir de 120 dB, en revanche, l’ouïe se trouve en danger dès 80 dB, et l’on sait qu’à 90 dB, les microtraumatismes créent des lésions irréversibles des cellules ciliées.
Les musiciens et les jeunes risquent de devenir durs d’oreille
L ‘utilisation régulière d’écouteurs ou du casque audio est probablement l’un des meilleurs moyens de déclencher des acouphènes et de devenir précocement sourd, tout comme être musicien professionnel. Les musiciens des orchestres classiques n’y échappent pas, plus que les groupes de hard rock. Selon les chercheurs, 41 % d’entre eux souffrent d’acouphènes et 43 % d’hyperacousie. En outre, ils ont 4 fois plus de risques de développer une surdité.
Les adolescents et les jeunes adultes ont quant à eux « des habitudes d’écoute risquées » et sont submergés de bruits trop forts : fêtes, concerts, écouteurs, smartphones, etc. Un questionnaire remis à 170 étudiants âgés de 11 à 17 ans a permis de constater que plus de la moitié d’entre eux avaient déjà connu un acouphène temporaire et que près de 29 % avaient développé un acouphène chronique. Tous présentaient également une hyperacousie. Même quand leurs acouphènes finissent par disparaître, les chercheurs ont constaté pour certains une perte d’environ 50 % des cellules ciliées et une baisse de l’acuité auditive.
Dépasser trop fréquemment la barre des 80 dB altère insidieusement l’audition. Bien que le niveau sonore des baladeurs soit limité à 100 dB, la sonorisation en discothèque à 102 dB et celle des concerts à 105 dB, ce sont déjà des niveaux potentiellement dangereux, sachant qu’en plus la réglementation n’est pas toujours respectée.
Les aides auditives compensent la perte de l’ouïe
Ne pas confondre « aides auditives » et « assistants d’écoute » ! C’est le sujet qui fâche les audioprothésistes en ce moment. Ces prothèses, les aides auditives, sont de plus en plus perfectionnées. Elles sont prescrites par les médecins ORL après une audiométrie, un examen approfondi définissant le type et le degré de la perte d’audition. Mais elles sont aujourd’hui concurrencées par des « assistants d’écoute », des appareils d’allure similaire, mais moins coûteux et qui fonctionnent sur le même principe : un micro capte le son environnant, l’amplifie grâce à son électronique et le restitue dans le conduit auditif.
En vente libre sur Internet, en pharmacie voire dans des magasins d’électroménager, ils sont faciles à utiliser et ne nécessitent aucun réglage, si ce n’est celui du volume. De quoi séduire les personnes qui recherchent une solution simple et économique, en particulier celles qui vers 50 ans constatent qu’elles n’entendent plus aussi bien qu’avant, premier signe d’une presbyacousie, une pathologie liée à l’âge.
Un réglage très fin par canaux de fréquences
Problème : à la différence des prothèses, « les assistants d’écoute ne sont pas adaptés à de réelles pathologies auditives, mais plutôt destinés à une aide ponctuelle », prévient la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) dans une publication de 2016 sur les appareils auditifs. Et pour cause, la perte auditive est souvent un problème complexe qui ne se résout pas par une simple amplification du son ! « L’examen d’audiométrie permet de bien préciser la façon dont le patient utilise les sons, quelles fréquences il perçoit et ne perçoit plus. À partir de ces mesures, l’audioprothésiste adapte l’aide auditive à ses besoins », explique Arnaud Martin, audioprothésiste.
Il existe en effet trois grandes familles d’appareils. Le contour d’oreille : l’électronique qui traite les son est contenue dans un boîtier qui s’accroche derrière le pavillon de l’oreille. Le son est transmis dans le conduit auditif par un tube transparent. Ce sont les appareils les plus gros, mais aussi les plus puissants, recommandés pour les surdités les plus sévères. Le mini-contour d’oreille reprend le même principe, le boîtier électronique étant plus petit et plus discret. Le son est transporté à travers un fil électrique très fin, relié à un écouteur placé dans le conduit auditif sans le boucher. Il laisse donc passer les sons que le patient entend naturellement, évitant ainsi d’avoir à les amplifier.
Enfin, les dispositifs dits intra-auriculaires sont quant à eux quasi-invisibles, car intégrés dans une capsule placée dans l’oreille. Inconvénient : ils bouchent le conduit auditif, produisant parfois une résonance qui impose d’amplifier les sons. « Près de 85 % du marché se concentrent sur les mini-contours, les intra-auriculaires représentant environ 15 % des ventes », précise Arnaud Martin.
À la différence d’un simple assistant d’écoute préréglé en usine, les aides auditives peuvent être réglées de manière très fine par canaux de fréquences. « La plupart du temps, la perte se situe dans les aigus et les médiums, qui sont les fréquences les plus importantes pour la compréhension de la parole. Les personnes entendent très bien le bruit ambiant, mais comprennent mal les mots et les font donc répéter », indique Laure Perrin, audioprothésiste. L’appareil sera alors programmé pour amplifier sélectivement les fréquences affectées. « Les dispositifs les plus perfectionnés ont ainsi jusqu’à 48 canaux de réglage », précise Arnaud Martin.
Des algorithmes pour différencier les sons
En outre, ces appareils embarquent désormais des algorithmes capables de différencier les sons (bruit, parole, musique), de reconnaître des ambiances sonores pour moduler automatiquement l’amplification, voire jouer sur leurs micros pour les focaliser sur les sons intéressants. Mieux, les deux prothèses (une par oreille) communiquent entre elles pour s’échanger les sons captés.
« Chaque prothèse a en général au moins deux micros omnidirectionnels que l’électronique pilote pour les focaliser dans les directions intéressantes. Le système traque donc la parole en continu autour de la personne. Ainsi, dans un restaurant, les micros vont se focaliser dans la direction du regard ou sur les côtés selon la zone d’où provient la voix de l’interlocuteur. Au volant d’une voiture, ils se focalisent sur le côté ou l’arrière où se trouvent les passagers », poursuit Arnaud Martin. « Les modèles haut de gamme distinguent sept ambiances : situation calme, parole dans le bruit, parole dans le bruit intense, parole en voiture, confort dans le bruit, situation réverbérante, musique », précise Laure Perrin. Une intelligence embarquée… qui a une influence directe sur le prix !
Acouphènes, Hyperacousie, Presbyacousie : quelles différences ?
Petit lexique pratique pour mieux appréhender les différences !
Acouphènes : du grec akouein, entendre, et phainein, apparaître, ce sont des sensations auditives (sifflements, bourdonnements) qui ne proviennent pas d’une source extérieure.
Les chiffres sont en progression galopante : près d’un Français sur cinq en 2018 souffre d’acouphènes permanents ou intermittents. Ils résultent d’un dysfonctionnement dans les voies du système nerveux auditif et sont souvent associés à des troubles de l’audition. Rarement (5 % des cas), les acouphènes correspondent au bruit d’un organe du corps, souvent dû à un problème de circulation sanguine.
Hyperacousie : il s’agit d’un phénomène de modification du niveau de la tolérance aux sons, qui rend insupportables des bruits tout à fait anodins. Le cerveau interprète de façon anormale le signal auditif et hausse le son. Cela se produit souvent à la suite d’un traumatisme acoustique ou d’une toxicité médicamenteuse. Ce phénomène de plus en plus fréquent demeure pourtant encore mal compris.
Presbyacousie : comme la presbytie pour la vision, on assiste à une détérioration progressive de l’audition due au vieillissement des cellules sensorielles de l’oreille. Les aigus commencent par être moins bien perçus, avec des problèmes de compréhension dans un environnement bruyant, puis les difficultés se propagent progressivement aux fréquences graves. À la cinquantaine, c’est le début du déclin et 20 % des Français en sont déjà atteints. Ils seront 50 % à 70 ans. Néanmoins, le vieillissement naturel peut s’accélérer sous la pression de facteurs environnementaux, ce qui fait qu’à 30 ou 40 ans, on peut déjà avoir une ouïe de 80 ans.
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