Le sultan de Brunei poussé à un compromis sur la charia

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Face aux critiques de l’Occident et aux menaces de boycott, le monarque de ce petit Etat à majorité musulmane a décrété un moratoire sur la lapidation des personnes homosexuelles.

Par Bruno Philip Publié aujourd’hui à 02h12

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LETTRE DE BANGKOK

Le sultan de Brunei lors d’un discours, à Bandar Seri Begawan, le 3 avril.
Le sultan de Brunei lors d’un discours, à Bandar Seri Begawan, le 3 avril. STRINGER / AFP

Le sultan a entendu le message. Il aurait d’ailleurs fallu être sourd pour ne pas l’entendre, même pour ce roi qui vit à l’abri de son palais aux 1 800 pièces érigé au bord de la rivière qui coule le long de Bandar Seri Begawan, capitale de l’émirat de Brunei. Après le tollé mondial provoqué par l’annonce, en mars, de l’imposition de châtiments islamiques particulièrement sévères, – lapidations pour rapports sexuels adultérins et entre personnes du même sexe, amputations des membres pour les voleurs –, sa majesté Hassanal Bolkiah a fait, dimanche 6 mai, ce qui ressemble fort à une concession aux contempteurs de sa politique.

S’exprimant à l’occasion du début du mois de ramadan, le sultan a tenu à clarifier les choses, reconnaissant en un joli euphémisme que « de nombreuses questions viennent de se poser, donnant lieu à des interprétations erronées des lois ».

En l’occurrence, il s’agit des lois relevant de l’imposition de la charia – loi islamique – et tout particulièrement des hudud, l’arsenal juridique prévoyant les peines à infliger pour les crimes de fornication, d’adultère, de rapports homosexuels, de consommation d’alcools et autres substances pas vraiment halal.

Moratoire

« Depuis deux décennies, nous avons appliqué un moratoire de facto au sujet de la peine de mort prévue par la common law [héritée des Britanniques], a déclaré le sultan avant de promettre que ­[ce moratoire] va s’appliquer aussi aux jugements relevant du code pénal de la charia ».

Le message est clair : si la loi islamique prévoit bien, en théorie, que ces châtiments soient infligés, ces derniers ne seront pas appliqués. Certes le sultan n’a pas mangé sa songkok, – la toque portée par les musulmans dans le monde malais –, car il ne remet pas en question le principe d’une application particulièrement répressive de la charia ; mais il prend en considération la colère suscitée par l’annonce de l’imposition de ces châtiments exemplaires dans le minuscule sultanat de Bornéo.

Outre George Clooney et Elton John, qui ont appelé au boycott des hôtels new-yorkais, londoniens et parisiens possédés par le sultan, les Etats-Unis, la France, le Royaume-Uni, l’Allemagne, avaient récemment publié un communiqué de protestation. Face à la montée de l’indignation européano-américaine – l’Asie est restée muette, pour ne pas parler du Proche-Orient –, le sultanat vient de se lancer dans une opération de relations publiques inédite pour ce royaume sans liberté de la presse ni d’expression, sans démocratie, et où le sultan décide de tout.

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