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Le géant d’Afrique du Nord est devenu à son insu le théâtre de convoitises régionales et internationales.
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Ossama Al-Juwaili, taille courte flottant dans son treillis couleur sable, se penche vers une caisse de bois et étale son contenu sur le sol dallé. Des fragments d’acier, des pièces de métal brûlé, un cylindre frappé d’une notice indiquant sa charge en hélium. Dans la cour de la villa de Tripoli où il reçoit ses visiteurs, M. Al-Juwaili, un des chefs sécuritaires du gouvernement d’« accord national » (GAN), commandant de la zone militaire dans l’ouest de Tripoli, exhibe les restes de deux projectiles tombés, les 20 et 21 avril, dans des quartiers de Tripoli, sous le feu des troupes de l’Armée nationale libyenne (ANL) du maréchal Khalifa Haftar.
Ces débris calcinés appartiennent à des missiles guidés antichars de fabrication chinoise LJ-7 Blue Arrow, selon l’expert en aviation Arnaud Delalande qui a analysé les clichés. Et les appareils d’où ils ont été tirés sont des drones, également de fabrication chinoise : les Wing Loong 2. Selon M. Delalande, il existe une forte probabilité que ces drones armés aient été acquis par les Emirats arabes unis, voire par l’Egypte, deux alliés du maréchal Haftar. L’usage inédit sur le sol libyen de telles armes témoigne de la permanence des violations – déjà maintes fois attestées – de la résolution du Conseil de sécurité des Nations unies relative à l’embargo sur les livraisons d’armes en Libye.
Sentiments antifrançais
C’est un secret de Polichinelle. Les ingérences étrangères, y compris celles de nature militaire, n’ont jamais cessé en Libye depuis 2011. Le géant d’Afrique du Nord est devenu à son insu le théâtre de convoitises régionales et internationales dépassant très largement la dynamique propre de ses conflits internes. Le maréchal Khalifa Haftar est ainsi clairement soutenu par l’axe régional partisan d’une restauration autoritaire post-« printemps arabes » : l’Egypte, les Emirats arabes unis (EAU) et l’Arabie saoudite. La Russie, qui ne pardonne toujours pas aux Occidentaux de l’avoir flouée en 2011 en intervenant militairement pour renverser le régime de Kadhafi, soutient aussi le maréchal Haftar, instrument de son retour dans le dossier libyen.
Quant à la France, elle a apporté au patron de l’ANL un soutien technique en matière d’antiterrorisme, notamment à Benghazi, entre 2015 et 2017. Mais, naïveté ou cynisme, elle a de facto contribué à la mise sur orbite politique du maréchal et donc fragilisé le processus politique né, en 2015, de l’accord de Skhirat (Maroc) qu’Haftar s’était juré de torpiller. Aujourd’hui, Paris, dont la posture a été pour le moins ambiguë, doit faire face à de virulents sentiments antifrançais en Tripolitaine où se recrutent les plus irréductibles des adversaires de M. Haftar.
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