Ce cœur de l’Amérique qui continue de battre

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Dans le neuvième numéro de la revue « America », le romancier et essayiste David Treuer propose une profonde relecture de l’histoire des « native Americans ».

Par Marc-Olivier Bherer Publié aujourd’hui à 05h00

Temps de Lecture 2 min.

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La revue des revues. Comprendre l’Amérique de Donald Trump, ses démons, ses paradoxes, faire entendre l’espoir qui subsiste. Telle est l’ambition de la revue trimestrielle America, créée peu après l’élection du président populiste par François Busnel, animateur de « La Grande Librairie », sur France 5, et Eric Fottorino, directeur de l’hebdomadaire Le 1. L’objet intrigue et séduit grâce à une esthétique soignée, qui sert au mieux un projet aussi littéraire que journalistique. La devise affichée en « une » promet de nous faire découvrir « L’Amérique comme [on ne l’a] jamais lue ». On pourrait croire que l’intention de départ s’est perdue en route en consultant la couverture du numéro 9, tant le casting réuni impressionne, mais ne renouvelle pas les lettres américaines : Philip Roth, Bret Easton Ellis et Jim Harrison.

Sans bouder notre plaisir de les retrouver, admettons que la surprise se trouve ailleurs, dans le dossier sur les « Indiens », les peuples autochtones que l’Amérique triomphante aimerait bien oublier. L’un des contributeurs, le romancier et essayiste David Treuer, éclaire cette neuvième livraison d’un saisissant et audacieux article dans lequel il propose une profonde relecture de l’histoire des « native Americans ». Ces derniers ne doivent pas, selon lui, laisser le récit des massacres qu’ils ont endurés et de la perte de leur culture les enfermer dans le rôle de « fantômes du passé ».

Pays tiraillé

Contre cette représentation, David Treuer s’appuie sur un personnage historique, Black Elk, un homme médecine du peuple Lakota, pour dessiner les contours d’un autre destin. D’abord habité par des visions d’harmonie, Black Elk fut rattrapé par l’histoire et prit part notamment à la bataille de Little Bighorn, en 1876, la plus grande victoire des autochtones sur l’armée américaine, puis il réchappa au massacre de Wounded Knee survenu le 29 décembre 1890, un jour particulièrement noir dans la mémoire des autochtones, puisque l’on considère qu’il mit fin au « mode de vie indien ».

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Mais les peuples premiers ne disparurent pas pour autant. C’est ce que tient à rappeler David Treuer. « Black Elk était décidé à vivre et à s’adapter », écrit-il. Et, comme lui, « nous avons survécu, de plus en plus investis dans le substrat américain et de plus en plus influencés par lui – de même que, de notre côté, nous faisons de notre mieux pour l’influencer ». Le romancier veut donc faire entendre un cœur qui continue de battre. Et qui s’inscrit à sa manière dans l’histoire des Etats-Unis, un pays tiraillé entre des appétits égoïstes d’enrichissement ou l’espoir qu’il puisse être gouverné par « les meilleurs anges de notre nature », selon une formule que David Treuer emprunte à Abraham Lincoln. Il demande donc à ses congénères de se voir toujours comme des acteurs de l’histoire, présents au monde, prêts à le changer. Cette puissante vision est l’œuvre d’un écrivain au destin particulier. Il a grandi dans la réserve de Lake Leech, dans le Minnesota, fils d’une mère de la nation Ojibwa et d’un père juif, survivant de l’Holocauste. C’est peut-être de ce double héritage que lui vient cette volonté de ne rien oublier du passé, mais sans le laisser occulter l’avenir.

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