« Au Soudan, le rejet des “marchands de religion” au pouvoir

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Le mouvement de contestation, porté notamment par les femmes, ne remet pas en question l’islam, mais la corruption endémique d’un régime qui a conduit le pays au bord de la faillite, explique, dans une tribune au « Monde », l’historien, spécialiste du Soudan.

Publié aujourd’hui à 06h15 Temps de Lecture 4 min.

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Une manifestation devant le ministère de la défense, à  Khartoum, au Soudan, le 4 mai.
Une manifestation devant le ministère de la défense, à  Khartoum, au Soudan, le 4 mai. UMIT BEKTAS / REUTERS

Tribune. Le 6 avril, plusieurs dizaines de milliers des manifestants se sont regroupés puis dirigés vers l’esplanade qui s’étend devant le quartier général des forces armées à Khartoum, au Soudan. Ce jour a été choisi car il marque la date anniversaire d’un autre soulèvement, celui du 6 avril 1985, qui a renversé la dictature du général Jaafar Nimeiri. Il s’agit là d’une tradition soudanaise : des civils exaspérés renversent une dictature militaire à mains nues, ce qui est déjà arrivé en 1964 et en 1985, et qui se produit à nouveau sous nos yeux.

La liberté est une passion soudanaise et « hurriya » est l’un des cris les plus fréquents qui scandent les mouvements de la foule à Khartoum, l’autre étant « thawra », révolution. Le mouvement de la foule qui, depuis plus de trois mois, bat le pavé de la capitale sans trop de résultat s’est transformé en déferlement lorsqu’elle a osé défier le cœur de la force militaire. En quarante-huit heures, le mot « révolution » a retrouvé son sens initial de renversement de l’oppression. En effet, depuis trente ans, le Soudan vit écrasé par un pouvoir produit par une combinaison mortifère de puritanisme religieux, de violence militaire et d’affairisme sordide.

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Dès sa naissance – le 30 juin 1989 – le régime est venu au monde porté par une revendication centrale déguisée en acte de foi « islamique » : empêcher à tout prix la paix. Revenons en arrière : en cette fin des années 1980, le pays est déchiré depuis six ans par une guerre civile entre le Nord arabo-musulman et un Sud chrétien africain, sorte de colonie intérieure. Après de complexes approches diplomatiques, la guérilla sudiste et le pouvoir démocratique nordiste sont sur le point d’entamer des conversations de paix. Or, quarante-huit heures avant que celles-ci ne débutent, un coup d’Etat militaro-islamiste fait avorter le processus et rejette le Soudan dans la guerre et dans la violence. Trente années de guerre – et tant de morts, au moins 300 000 personnes rien qu’au Darfour – dans un étouffement omniprésent, tant matériel que spirituel.

D’où maintenant ces cris et ces chants qui jaillissent en un torrent de vie retrouvée. Des trains arrivent du Nord où le mouvement a débuté avec des grappes humaines accrochées à bord. La liberté est palpable et il y a maintenant, nuit et jour, un demi-million de manifestants dans les rues de Khartoum pour exiger le départ de la Commission militaire. Celle-ci, depuis la chute du tyran Omar Al-Bachir le 11 avril, tente maladroitement de faire survivre son régime.

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