« La polémique entre Joe Biden et Anita Hill permet de tester les limites de #metoo »

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Si l’on en juge par la controverse sur la candidature du démocrate et l’affaire de cette juriste qui accusa de harcèlement sexuel un magistrat en 1991, la politique américaine n’a pas tiré les leçons du mouvement, note Sylvie Kauffmann, éditorialiste au « Monde », dans sa chronique.

Publié aujourd’hui à 01h46 Temps de Lecture 4 min.

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C’était l’époque où Internet n’était pas viral, où « le petit écran » désignait la télévision et non celui des smartphones, où les hommes siégeaient en maîtres au Congrès américain.

C’était 1991 et l’automne médiatique américain fut troublé, cette année-là, par une jeune juriste de 35 ans, Anita Hill, qui osa accuser de harcèlement sexuel un magistrat sous les ordres duquel elle avait travaillé.

Ce n’était pas n’importe quel magistrat. Clarence Thomas, 43 ans, venait d’être nommé juge à la Cour suprême par le président George Bush, pour y remplacer le légendaire Thurgood Marshall, premier Noir à siéger à la plus haute juridiction américaine, qui prenait sa retraite.

Clarence Thomas était aussi Afro-Américain, mais contrairement à son prédécesseur, il était très conservateur. Comme le veut la procédure, il devait être entendu par la Commission judiciaire du Sénat, en audience publique, avant que sa nomination soit confirmée par le même Sénat. L’affaire se présentait très bien, le juge Thomas réussissant même à éviter la polémique sur son hostilité à l’avortement… jusqu’à l’apparition d’Anita Hill.

Pouvoir, race et sexe

Quatre jours durant, du 11 au 14 octobre, les Américains, fascinés, suivirent en direct à la télévision l’extraordinaire spectacle de cette jeune femme noire, seule face à un demi-cercle de sénateurs (dont Ted Kennedy), tous mâles, blancs et mûrs qui, manifestement incrédules, la soumirent à un interrogatoire impitoyable. Pouvoir, race et sexe : les ingrédients d’un cocktail politique explosif étaient réunis.

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Il fut question de conversations pornographiques imposées, de poils pubiens posés sur des cannettes de Coca-Cola. Digne jusqu’au bout, Anita Hill résista vaillamment aux tentatives visant à jeter le discrédit sur sa vie privée, mais perdit la bataille.

La solidarité masculine et institutionnelle l’emporta. Clarence Thomas fut confirmé à une très courte majorité et, à ce jour, siège encore à la Cour suprême, où il a défendu avec constance les positions juridiques et sociales les plus conservatrices, notamment en matière de droits des femmes.

Le mauvais rôle de Biden en 1991

La décision de Joe Biden de se lancer dans la course à l’élection présidentielle de 2020, pour tenter de battre Donald Trump, vient de relancer l’affaire Anita Hill.

Car Joe Biden, 76 ans, n’était pas seulement le vice-président de Barack Obama : en 1991, alors sénateur démocrate du Delaware, c’est lui qui dirigeait les auditions du juge Thomas et d’Anita Hill, comme président de la Commission judiciaire du Sénat. Et la manière dont il mena les débats, faisant la part belle à la défense du magistrat et surtout s’abstenant de donner suite aux témoignages de trois autres femmes qui, outrées par le spectacle des auditions, proposèrent de venir déposer, ne lui donne pas le beau rôle.

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