« Les talibans n’ont jamais montré la volonté d’aboutir à la paix »

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Ahmed Rashid est un journaliste et essayiste pakistanais, expert du mouvement taliban. Il est l’auteur de nombreux ouvrages, dont Le Retour des talibans (Delavilla, 2009), dans lequel il invitait notamment les Etats-Unis à revoir leur stratégie, sous peine de perdre la guerre.

Pourquoi aura-t-il fallu vingt ans de guerre en Afghanistan pour que Washington, sous la présidence de Donald Trump, accepte de signer un accord avec les talibans, à Doha, le 29 février 2020 ?

Le seul objectif de M. Trump était de pouvoir annoncer le retrait des troupes lors de la campagne présidentielle américaine de 2020. Il n’a tenu compte ni des intérêts américains, ni des intérêts afghans, et n’a fixé aucune stratégie. Les Etats-Unis avaient déjà plusieurs fois essayé de faire la paix. En 2009, Barack Obama avait ainsi nommé comme représentant spécial pour l’Afghanistan et le Pakistan Richard Holbrooke [brutalement décédé en décembre 2010], qui a dépensé beaucoup d’énergie pour faire avancer la paix. Mais il était trop isolé au sein de l’administration américaine.

Aujourd’hui, Joe Biden prend un risque énorme en accélérant le retrait total des troupes. Il parie sur une sortie négociée avec les talibans. Or, celle-ci n’est que pure hypothèse : depuis l’été 2018, les insurgés n’ont jamais montré la volonté d’aboutir à la paix. Ils ont obtenu beaucoup, sans rien apporter en échange. On ignore ce qu’ils veulent en matière de système politique, d’éducation, de santé, de relations extérieures et quelle sera la place des femmes dans la société. C’est très inquiétant.

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Comment les Américains avaient-ils été accueillis par la population afghane en 2001 ?

Leur arrivée et celle des ONG avaient suscité un immense espoir de paix. Après cinq ans de règne, les talibans ne pouvaient plus compter sur le soutien populaire. Les Afghans aspiraient, dans leur ensemble, à être libérés de leur joug. Quant aux groupes non pachtouns, ils n’avaient jamais cessé de résister. Depuis 1993, l’Afghanistan était d’ailleurs devenu le théâtre d’une guerre ethnique opposant les Pachtouns d’une part, aux Tadjiks, Ouzbeks et Hazara d’autre part, avec des soutiens logistique et politique de pays étrangers dans chaque camp. Cela explique, avec la supériorité militaire américaine, pourquoi les talibans ont perdu si vite, fin 2001.

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Washington aurait-il dû convier les talibans dès la fin 2001 à participer à l’accord de Bonn censé préparer la transition démocratique ?

A l’époque, la participation des talibans au travail de refondation du pays était inenvisageable pour les Etats-Unis. Ils refusèrent même la proposition de certains leaders talibans d’une reddition auprès du nouveau maître de Kaboul, Hamid Karzaï [désigné, à Bonn, chef de l’autorité intérimaire]. Selon Washington, les talibans étaient vaincus et devaient se rendre aux Américains, pour être emprisonnés ou condamnés à mort.

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