les Biélorusses gagnés par l’abattement après l’arrestation de l’opposant Roman Protassevitch

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Manifestation contre la répression en Biélorussie, devant les bureaux de la Commission européenne à Varsovie, le 24 mai 2021.

Cela fait des mois qu’il voit ses amis quitter la Biélorussie les uns après les autres. Il y a quelques jours encore, deux autres lui ont annoncé leur départ. « Désolé, mais on m’a proposé de travailler en Pologne, alors je déménage », a expliqué l’un d’eux sur la messagerie cryptée Telegram. A force, Victor (tous les noms ont été changés pour raisons de sécurité) ne le supporte plus. « Ouais, ça m’énerve, explique au Monde ce Biélorusse de 21 ans, qui vit à Minsk. D’un côté je comprends, mais si tout le monde quitte le pays, qui va faire des graffitis, des autocollants, s’entraider ? Qui ira à la prochaine manifestation se battre pour la liberté ? »

Lire les témoignages : « Loukachenko a franchi une certaine ligne » : après le détournement d’un vol par la Biélorussie, les opposants en exil sous le choc

Voilà neuf mois que cet étudiant lutte contre le régime du président Alexandre Loukachenko, dont la réélection frauduleuse, le 9 août 2020, a déclenché un soulèvement pacifique sans précédent. Arrêté en septembre après avoir participé à une manifestation, Victor est resté dix jours en détention. Deux hommes masqués l’ont tabassé et torturé pour qu’il donne le mot de passe de son téléphone et leur permette ainsi de mettre la main sur son réseau d’amis. Il a perdu connaissance. Comme des centaines d’autres manifestants, il est aujourd’hui accusé de « trouble à l’ordre public » et d’« émeute de masse », et encourt trois ans de prison. Pas question d’essayer de partir pour autant. « Je reste, parce que je ne veux pas donner mon pays à ces bandits », dit-il.

Après le détournement d’avion, le choc

Depuis quelques jours, la colère et l’abattement le submergent. Le coup de grâce est survenu dimanche 23 mai, quand le régime a détourné un avion de ligne reliant Athènes à Vilnius pour arrêter le journaliste Roman Protassevitch, ancien rédacteur en chef de l’influent média d’opposition Nexta. « Ça m’a désespéré, raconte Victor. Je ne sais pas ce qui pourrait encore arriver de pire dans ce pays. »

Lire le portrait de Roman Protassevitch : « Mon nom est sur la même liste que les gars de Daech »

En Biélorussie, cette arrestation spectaculaire a semé la stupéfaction et plombé encore un peu plus les opposants au régime, selon les témoignages recueillis par Le Monde. « J’ai toujours du mal à croire que le détournement d’un avion de ligne rempli de passagers soit possible au cœur de l’Europe », s’étonne l’un d’eux, qui habite Minsk également. « C’est un cauchemar », lâche un autre. Personne ne se fait d’illusions quant au traitement réservé à l’opposant en prison, un « lieu de torture » désormais bien connu des manifestants. Un autre contestataire, Vitold Achourok, 50 ans, y est mort vendredi 21 mai, officiellement d’un arrêt cardiaque.

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