les producteurs africains doivent-ils croire au « super-cycle » ? – Jeune Afrique

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Les cours des matières premières industrielles flambent, poussant certains à entrevoir une poussée durable. Mais les experts du rapport Cyclope ont leurs réserves. Explications.


Le 35ème rapport Cyclope sur les marchés de matières premières a été publié ce 26 mai 2021 alors que les cours de plusieurs d’entre elles, en particulier des métaux, sont en surchauffe. Depuis mars 2020, le prix du cuivre a augmenté de 125%, celui de l’étain de 145%, et celui du fer 150%. Quant au pétrole, après avoir touché le fond au début de la pandémie – autour de 18 dollars le baril en avril 2020 -, le cours du Brent tutoie actuellement les 70 dollars.

Pour autant, les auteurs du rapport, supervisé par l’économiste et historien Philippe Chalmin de l’université Paris Dauphine-PSL, ne pensent pas que le monde va connaître un « super-cycle ». Autrement dit, ils n’anticipent pas une hausse générale des cours des commodités sur une longue période – d’une à deux décennies – suivie d’une baisse, ainsi que le pronostiquent certains analystes et traders, enthousiastes ou alarmés par cette perspective.

« Oui, il y a clairement des tensions sur certains marchés des métaux, dues à l’accélération de l’urbanisation et à la transition énergétique, qui ont fait exploser la demande pour des minerais tels que le nickel, le cuivre ou le cobalt. », analyse Yves Jégourel, Vice-doyen de la faculté d’économie de l’université de Bordeaux. Pour autant, estime ce spécialiste, « l’offre sur ces marchés a été contrainte ces derniers mois, du fait des confinements, du manque d’investissement et d’une logistique ralentie par la pandémie ».

Aussi, « maintenant que la situation sanitaire s’améliore, cette offre pourrait s’adapter à la forte demande, y compris en ayant recours au recyclage de métaux », explique l’analyste qui a supervisé les chapitres sur ces marchés dans le rapport Cyclope. Selon lui, la demande pourrait aussi s’adapter à la pénurie en substituant certains métaux en s’appuyant sur de nouvelles solutions technologiques, par exemple en optant pour des batteries de véhicules électriques nécessitant du nickel au lieu du cobalt.

Un retour en force des spéculateurs

Par ailleurs, Philippe Chalmin, Yves Jégourel et leurs collègues constatent un retour en force des spéculateurs sur les marchés de matières premières, notamment asiatiques, qui les considèrent à nouveau comme une « classe d’actifs » et entretiennent cette idée d’un « super-cycle ».

« Bien sûr, il y a des tensions sur certains marchés agricoles – tel que le soja – mais les hausses de prix dans ces filières sont sans commune mesure avec celles constatées sur certains métaux », explique Philippe Chalmin.

Pour le directeur du Cyclope, ces derniers ne sont toutefois pas à mettre tous dans le même panier. Selon lui, le cours du fer – qui a atteint ces dernières semaines 200 dollars la tonne – devrait retrouver des niveaux plus raisonnables à moyen-terme. En effet, la Chine presse pour augmenter la production et diversifier ses approvisionnements en la matière – trop dépendants à son goût de l’Australie et du Brésil – notamment en Afrique.

Au demeurant, rappellent les experts de Cyclope, les marchés de l’énergie échappent à la surchauffe. « Certes, la remontée des cours du pétrole depuis mars 2020 est impressionnante », concède Francis Perrin, qui a rédigé le chapitre du rapport Cyclope sur l’or noir. « Mais les prix actuels sont simplement revenus à leur niveau d’avant la pandémie, à 68 dollars le baril 25 mai au soir, ce qui est loin d’être un sommet », estime-t-il. Quant aux prix du gaz naturel, ils restent très volatils : entre 1,5 et 30 dollars le million de BTU ces derniers mois et autour de 10 dollars actuellement », fait-il remarquer.

Poursuivre la diversification en Afrique

Les grands pays africains producteurs de minerais de métaux – RDC, Guinée, Zambie, Mauritanie et Afrique du Sud – peuvent se réjouir des hausses des cours des cuivre, cobalt, fer, aluminium, palladium, platine ou nickel. Mais en dépit des bénéfices substantiels qu’ils auront à en tirer en 2021, les analystes du Cyclope invitent ces producteurs à continuer la diversification de leurs économies sachant que, selon Philippe Chalmin, leur dépendance à ces filières extractives les rend particulièrement vulnérables à la « malédiction des matières premières ».



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JeuneAfrique

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