« L’Europe doit reconnaître qu’elle a un destin commun avec le Maghreb »

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Tribune. La Méditerranée n’est pas une frontière : les flux d’hommes, d’idées, de marchandises, d’argent en ont fait depuis longtemps une interface beaucoup plus qu’une barrière. Les six millions de Français originaires du Maghreb font aujourd’hui que le destin de la France est lié à cette région du monde. Mais, ce qui est vrai pour la France l’est aussi de plus en plus pour l’Espagne (avec le Maroc) et l’Italie (avec la Tunisie et la Libye). Le sud de l’Europe est arrimé au nord de l’Afrique, pour le meilleur (les échanges culturels, le tourisme, l’économie du « care », la coopération industrielle), mais aussi pour le pire (l’islamisme radical européen prend ses racines au Maghreb).

L’importance du Maghreb pour l’Europe est pourtant largement sous-estimée. Lorsque l’on pense au monde arabe, les esprits s’enflamment pour les guerres au Proche-Orient et les intérêts s’affichent pour la richesse des pays du Golfe. Les pays du Maghreb sont les parents pauvres de l’intérêt occidental pour le monde arabe. Ni très riches ni très instables, le Maroc, l’Algérie et la Tunisie passionnent peu les chancelleries.

L’étranger proche

Les relations sont si anciennes, les connaissances mutuelles si importantes, et l’intimité si forte, notamment avec la France et ses dirigeants, que ces pays ont été paradoxalement classés assez loin dans le rang des priorités stratégiques françaises et européennes. L’UE devrait peut-être prendre exemple sur les Russes qui, après la dislocation de l’Union soviétique, ont inventé le concept « d’étranger proche » qui intègre tous les pays qui ont pris leur indépendance après 1991.

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Dans le cas du Maghreb, le concept d’étranger proche pourrait être mobilisé avec des objectifs différents : tout en affirmant la souveraineté des Etats du Maghreb, il s’agit de reconnaître que nous avons un destin commun avec ces pays. Cela devrait conduire les puissances européennes à observer de très près leurs évolutions politiques – et pas seulement celles de leurs gouvernements. La société civile y joue un rôle de plus en plus important comme l’ont montré la révolution de 2011 en Tunisie et le Hirak en Algérie. Cela devrait aussi les inciter à faire tout leur possible pour permettre une évolution favorable de leurs économies, gage de stabilité sociale et donc politique.

Or, alors que l’Union européenne (UE) se félicitait de son plan de relance et de sa capacité à emprunter en commun pour assurer la stabilité de ses membres, personne n’a suggéré que cette capacité d’emprunt et de dons puisse aussi pouvoir profiter à l’étranger proche européen, le Maghreb au sud, voire l’Ukraine à l’est. La récente ouverture potentielle d’accès à plus de crédits du Fonds monétaire international par les droits de tirage spéciaux est une bonne nouvelle, mais ce n’est pas suffisant.

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