Total cède sous la pression et réduit ses versements aux généraux

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Le logo du siège du groupe pétrolier français Total dans le quartier d’affaires de la Défense, dans les Hauts-de-Seine, en 2014.

Face aux critiques des ONG et des manifestants, et après les révélations du Monde, début mai, Total fait machine arrière : le groupe a annoncé, mercredi 26 mai, qu’il allait suspendre une partie de ses versements à la junte militaire birmane, accusée de violations graves des droits humains. Sous pression, le géant français a décidé de ne plus payer pour l’heure de dividendes aux actionnaires de Moattama Gas Transportation Company (MGTC), une société qui transporte le gaz depuis le gisement offshore de Yadana vers la Thaïlande. Chaque année 15 % des généreux profits de cette entreprise sont redistribués à la Myanmar Oil and Gas Enterprise (MOGE), compagnie d’Etat et boîte noire de la junte militaire, où l’argent atterrit dans des comptes à l’étranger avant de disparaître. Le reste est partagé entre les autres actionnaires, à savoir Total (31 %), l’américain Chevron (28 %) et le thaïlandais PTT Exploration and Production Public Company Limited (PTTEP, 26 %). Une décision prise « compte tenu du contexte instable au Myanmar », explique le groupe français dans un communiqué.

Dans son édition du 5 mai, Le Monde avait révélé que MGTC, la société propriétaire du gazoduc sous-marin de 346 kilomètres, qui est enregistrée aux Bermudes, était au cœur d’un montage financier où des millions de dollars provenant des ventes du gaz sont détournés des caisses de l’Etat birman au profit de MOGE, société contrôlée par les militaires. Les frais de transport facturés par MGTC à la société exploitant le gisement de gaz, détenue par les mêmes actionnaires et dans les mêmes proportions, permettent en effet de réduire les montants des royalties versés à l’Etat. MGTC déclarait un niveau de profit anormalement élevé, avec un bénéfice net avant impôt d’environ 98 %. Les documents auxquels Le Monde a eu accès montrent que les dividendes versés à MOGE étaient de 38,37 millions de dollars en 2018 et 52 millions de dollars (42,6 millions d’euros) en 2019. En vertu d’un accord signé le 30 janvier 1995 avec l’Etat birman, les actionnaires avaient en outre obtenu la garantie de n’être « pas taxés au Myanmar pour quelque dividende que ce soit ».

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« Total et Chevron ont pris la bonne décision en reconnaissant enfin que MOGE est contrôlée par l’armée et qu’elle finance les crimes de la junte, a réagi Yadanar Maung, porte-parole de l’ONG Justice for Myanmar, mais seule une petite partie des paiements versés par Total à la junte est suspendue. » D’après l’ONG EarthRights International, la suspension du paiement des dividendes ne représente que 10 % des sommes générées par l’exploitation du gaz à Yadana. Cette décision permet à Total d’échapper aux représailles de l’Etat birman ou à d’éventuelles poursuites judiciaires. « Le pacte d’actionnaires les autorise à refuser le paiement de dividendes sans qu’aucune raison soit donnée, explique Ben Hardman, chercheur à EarthRights International, c’est donc une victoire sans risque. »

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