Au Brésil, la fâcheuse domination des clans et dynasties sur la vie politique

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Publié aujourd’hui à 00h48

LETTRE DE BRASILIA

Buste de José Bonifacio de Andrada e Silva, dans le Congrès de Brasilia;

C’est un buste couleur de bronze qui trône dans un couloir, en plein cœur du Congrès de Brasilia. Le regard fier, déterminé, une croix autour du cou, l’homme fixe les allées et venues des parlementaires brésiliens. Et ne se prive pas de leur faire la morale : « La saine politique est fille de la morale et de la raison », est-il inscrit sur son socle.

« Quand je passe devant cette statue, je me sens habité par l’émotion et un fort sentiment de responsabilité », confie le député Lafayette de Andrada, 54 ans. Et pour cause : le buste en question représente José Bonifacio de Andrada e Silva (1763-1838), « patriarche de l’indépendance », premier chef du gouvernement du Brésil indépendant, mais aussi son ancêtre direct.

Lafayette de Andrada

« Lafayette » (hommage au héros de la révolution américaine) est issu de l’une des dynasties politiques les plus anciennes du Brésil. « Six générations de parlementaires ! Quelle autre famille peut en dire autant, à part chez les lords anglais ? », s’enthousiasme l’intéressé. En deux cents ans, depuis José Bonifacio, la famille compte seize députés et sénateurs, huit ministres, deux juges à la Cour suprême, et un nombre incalculable de maires et de conseillers municipaux à Barbacena, fief du clan au Minas Gerais (Sudeste).

« Lobby des parents »

« A la maison, la politique a toujours fait partie du quotidien », poursuit Lafayette de Andrada. Il est loin d’être une exception. Au Brésil, la politique est une affaire de famille, jusqu’au sommet de l’Etat. En témoigne le clan Bolsonaro au pouvoir : le patriarche-président Jair a réussi à « placer » ses fils Flavio, Carlos et Eduardo (« zéro un », « zéro deux » et « zéro trois », ainsi que les appelle leur père) respectivement comme sénateur, conseiller municipal et député de Rio de Janeiro.

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Mais le phénomène est bien plus large et profond. Selon les données les plus récentes, collectées par le site d’information en ligne Congresso em Foco, près des deux tiers des députés et les trois quarts des sénateurs brésiliens auraient déjà des parents en politique. Les « grandes familles » dirigent une majorité de capitales régionales, dominent la plupart des assemblées locales. Des dynasties formant un « lobby des parents », plus puissant sur le papier que celui de la Bible, des armes ou de l’agronégoce.

Toutes les régions et tous les camps sont touchés. A Sao Paulo dominent les Covas de droite (« Bruno », mort le 16 mai, était maire de la ville) et, dans le Ceara nordestin, les Gomes de gauche (« Ciro » fut le troisième homme de la dernière présidentielle). On pourrait aussi citer les Macedo à Curitiba, les Genro à Porto Alegre et les Bornhausen à Santa Catarina (sud), les Virgilio dans l’Amazonas et les Viana dans l’Acre (Amazonie), les Sarney dans le Maranhao et les Magalhaes à Bahia (Nordeste) ou encore les Garotinho et les Maia à Rio de Janeiro… La liste est infinie.

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