Récession et pouvoir d’achat : Maurice sous la menace de la stagflation

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La pandémie et ses conséquences économiques et sanitaires ne sont pas les seuls dangers qu’il faut craindre. L’inflation se glisse furtivement, mais sûrement. Ainsi, les observateurs économiques mettent en garde contre une forte poussée inflationniste.

Entre février 2020 et avril 2021, la « tente ration », panier contenant une quarantaine de produits de base, a grimpé de l’ordre de 9 % à 10 %, selon une étude de la Consumer Advocacy Platform. Ce qui représente une hausse d’environ Rs 900, indique Mosadeq Sahebdin, le porte-parole de cette association des consommateurs. 

Les exemples de hausses de prix ne manquent pas. Ainsi, une famille qui achète mensuellement trois sachets de lait de la marque la plus abordable doivent débourser Rs 589 actuellement contre Rs 470 en février 2020. Il faut aussi compter ce mois-ci Rs 673,20 pour trois sachets de lait d’une autre marque contre Rs 616,50 l’an dernier. Pour ce qui est du corned-beef, le prix est passé de Rs 99 à Rs 109,20. Le corned-mouton coûte actuellement Rs 138,45 contre Rs 101,75 en février 2020. 

Autres exemples : le prix du saumon en conserve est passé de Rs 79 à Rs 90,40. Pour le pois du cap, plus connu comme le gros pois, comptez Rs 63,50 pour le sachet de 500 grammes contre Rs 49 en 2020. « Il faut faire ressortir que ce panier ne prend pas en compte certains produits dont la viande de mouton, par exemple qui est à Rs 1 300 le kilo », fait ressortir Mosadeq Sahebdin. 

La « tente ration », panier contenant une quarantaine de produits de base, a grimpé de l’ordre de 9 % à 10 %.

Pour le président de la Consumer Advocacy Platform, la perte du pouvoir d’achat des consommateurs va s’accentuer. « La tendance à la hausse des prix des produits de première nécessité va perdurer dans la mesure où les facteurs affectant les prix vont persister. Du coup, le pouvoir d’achat du consommateur continuera à être affecté », prévient-il.

Forts risques

L’économiste Pierre Dinan met également en garde contre les poussées inflationnistes. « En sus de la Covid-19 et de ses conséquences sur l’économie, la situation n’est guère brillante sur le plan de l’inflation qui est causée par une série d’évènements mondiaux. Il y a des forts risques de poussée inflationniste avec la reprise de l’économie aux États-Unis et en Angleterre, la gourmandise de la Chine pour les matières premières et les commodités, la situation en Inde qui affecte l’approvisionnement ou encore la hausse du coût du fret. Il faudra s’attendre à une hausse des prix de divers produits sur le marché mondial. Et à Maurice, avec la roupie qui se déprécie, le problème sera amplifié », appréhende Pierre Dinan.

Pour Kugan Parappen, consultant en économie, cette situation était prévisible. « L’an dernier avec le confinement, les prix des matières premières se sont écroulés sur le marché mondial. Un exemple concret est le prix du pétrole qui a flirté avec le zéro avant de tomber en territoire négatif à un certain moment. Après la première vague de Covid-19, les prix ont bien remonté. Comme l’inflation est calculée sur une période annuelle, il y a cet effet de base qui pousse l’inflation à grimper rapidement », explique-t-il. 

Maurice, étant un pays net importateur qui achète la quasi-totalité de ses matières premières, hormis la canne, tout ce qui se passe sur le marché mondial a des répercussions sur ses importations, souligne ce dernier. « Avec la roupie mauricienne qui a dégringolé ces douze derniers mois, nous importons des matières premières et des commodités à des prix supérieurs à l’an dernier, mais nous devons aussi intégrer le fait que nous dépensons plus, car la valeur de la roupie est moindre sur le marché », avance Kugan Parappen.

Tendance haussière

Pour ne pas arranger les choses, d’autres facteurs poussent aussi les prix vers le haut. À travers le monde, ajoute Kugan Parappen, les gouvernements ont investi des sommes importantes pour des plans de relance créant ainsi un déficit budgétaire massif. « Toute cette masse monétaire est en train de booster les prix des commodités en sachant que la plupart de ces plans de relance sont liés à l’infrastructure. Il y a aussi un autre facteur qui commence à inquiéter, c’est l’inflation par rapport à la rémunération des employés. Il y a eu une perte du pouvoir d’achat conséquente pour pas mal de personnes et, du coup, on note une hausse dans les salaires en général », souligne notre interlocuteur.

L’inflation augmente principalement sur deux fronts : premièrement en raison de la hausse des prix des commodités et des matières premières sur le marché mondial et deuxièmement en raison de la rémunération salariale, fait ressortir Kugan Parappen. Pour ce dernier, l’inflation est bel et bien là et restera présente quelques mois, voire quelques années. « On parle aujourd’hui de stagflation. C’est un phénomène qui reflète un environnement économique stagnant, accompagné d’une forte hausse dans le coût de la vie », soutient-il. Le résultat final, c’est qu’il y a une perte dans la qualité de vie de tous les consommateurs. 

Les solutions pour soulager les consommateurs

mosadeqMosadeq Sahebdin, président de la Consumer Advocacy Platform : « Il est important que les décideurs politiques prennent des mesures visant à garantir l’accessibilité des produits de première nécessité aux ménages à faibles revenus. Un moyen de le faire, c’est à travers le contrôle de prix. Celui-ci doit cependant être limité dans le temps. »


kuganKugan Parappen, consultant en économie : « Il ne faut pas passer toute la hausse aux consommateurs surtout lorsqu’il s’agit des produits de nécessité. L’État peut essayer, à travers des subsides, amortir une partie de ces augmentations. Par ailleurs, la compensation salariale, qui devrait être indexée sur la perte du pouvoir d’achat, était assez minime l’an dernier. Il faudrait qu’il y ait un effort concerté cette année pour compenser la perte du pouvoir d’achat du Mauricien. Nous devons aussi revoir  notre modèle économique sur le moyen et le long terme. Nous importons plus que nous exportons, ce qui est la recette pour une dépréciation de la roupie continue. »


 

EN CHIFFRES

3 % C’est le taux d’inflation que prévoit la Banque de Maurice pour 2021. 

L’indice des prix à la consommation est passé de 108,8 points en avril 2020 à 109 points en avril 2021. 

Selon un sondage de la Banque de Maurice sur les prévisions pour l’inflation, 

81,4 % des opérateurs interrogés anticipent une inflation variant entre 2,5 % et 3,5 % en juin 2021. Ils sont au nombre de 83,7 % à prévoir les mêmes taux pour décembre 2021. 

Sources : Banque de Maurice/Statistics Mauritius.

Évolution de l’inflation

inflation

Ces hausses observées

Produits  Février 2020 (Rs) Avril 2021 (Rs)
Thé (500 g) 184,00 192,00
Fromage  156,20 174,70
Sucre (4 kg) 136,00 145,00
Céréales 89,10 117,00
Huile (3 L) 128,85 172,50
Margarine 58,00 65,50
Lentilles noires (1 kg) 42,00 54,50
Jus (840 ml) 175,00 225,00
Sirop (1 L) 83,50 90,00
Vinaigre 31,00 34,50
Pates 68,00 77,00
Sardine 63,00 76,00
Thon (x 2) 90,00 96,00
Petit pois 29,00 31,00
Lessive machine 224,75 255,00
Macaroni (1 kg) 19,50 21,00
Source : Consumer Advocacy Platform.



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