En Ukraine, « la guerre peut recommencer demain »

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Un soldat ukrainien près de Donetsk, en Ukraine, le lundi 3 mai 2021.

Il ne vient pas aussi souvent qu’il le voudrait, mais en ce matin de mai, Maksim, 53 ans, a pris le temps de se rendre au mémorial avant d’aller au travail. Cet employé ukrainien dans les télécoms, qui préfère garder l’anonymat, s’approche du mur et observe attentivement les photos. « Ce qui me frappe, c’est qu’il y a beaucoup de jeunes. Tous ces gens ont été tués et personne n’a été puni pour ça. »

Depuis que la guerre a éclaté dans le Donbass, dans l’est de l’Ukraine, en 2014, les visages des milliers de soldats morts au front recouvrent peu à peu le mur de l’enceinte du monastère Saint-Michel, à Kiev, célèbre pour avoir abrité les manifestants blessés lors de la révolution proeuropéenne de Maïdan. Chaque année, de nouvelles photos s’ajoutent.

Le fils de Maksim, âgé d’une vingtaine d’années, est lui aussi déployé dans le Donbass. Quand la Russie a massé ses troupes aux frontières ukrainiennes, en avril, le père a frémi. « J’ai eu très peur pour lui. La guerre n’a pas disparu, rappelle-t-il. Elle peut recommencer demain. » Il se tient prêt. « J’ai cinq à dix bidons d’essence chez moi, pour la voiture, et mes affaires empaquetées. »

« Une démonstration de force »

La menace reste d’autant plus forte que le retrait annoncé par Moscou aux frontières le 22 avril, après des semaines de tensions, n’est que très partiel. « Ce qui se passe ne peut pas être appelé un retrait, les troupes russes sont massivement restées en place », a dénoncé, lundi 17 mai, le ministre des affaires étrangères, Dmytro Kuleba.

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Selon les experts militaires interrogés par Le Monde, seuls quelque 10 000 soldats russes sont repartis, mais 80 000 à 90 000 sont toujours là et ne devraient pas rebrousser chemin. « Ils sont déjà positionnés ici depuis quatre ans, dans des bases militaires que la Russie a construites entre 2014 et 2017, donc ils ne peuvent pas se retirer. C’est leur position naturelle, en quelque sorte », explique Mykhailo Samus, directeur adjoint au Center for Army, Conversion and Disarmament Studies, à Kiev.

Le mouvement des troupes, mis en scène à grand renfort de vidéos de colonnes russes cheminant depuis la Sibérie et ailleurs, n’a pas été aussi massif qu’annoncé. En réalité, « Moscou a fait venir environ 10 000 soldats », venus s’ajouter aux 80 000 à 90 000 déjà installés dans ces bases près des frontières.

« C’était de la manipulation de la part des Russes, une démonstration de force », renchérit Oleh Zhdanov, expert militaire et ancien membre de l’état-major des forces armées. Selon les observateurs, l’opération relevait plus d’un « chantage géant » de la Russie pour se remettre au centre de l’échiquier diplomatique, tester l’administration Biden et la réaction des Européens, que d’une véritable intention d’attaquer. « On n’a pas senti l’odeur de la guerre », assure M. Samus.

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