« L’image de la France en Italie est ambivalente »

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Historienne spécialiste de l’Italie, Marie-Anne Matard-Bonucci estime, dans un entretien au « Monde », que la crise diplomatique actuelle s’inscrit dans une histoire des relations franco-italiennes souvent empreinte de conflictualité et reflète les rapports compliqués que les Italiens entretiennent avec leur propre passé.

Propos recueillis par Uriel Gadessaud Publié aujourd’hui à 06h40, mis à jour à 06h40

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Luigi Di Maio, dirigeant du Mouvement 5 étoiles et vice-président du Conseil et Matteo Salvini, ministre italien de l’intérieur,  le 2 juin 2018.
Luigi Di Maio, dirigeant du Mouvement 5 étoiles et vice-président du Conseil et Matteo Salvini, ministre italien de l’intérieur,  le 2 juin 2018. TONY GENTILE / REUTERS

Marie-Anne Matard-Bonucci, ancien membre de l’Ecole française de Rome, membre de l’Institut universitaire de France est professeure à Paris-VIII et chercheuse à l’Institut d’histoire du temps présent. Spécialiste de l’Italie contemporaine, des fascismes, et de l’antisémitisme, elle est l’auteure notamment de L’Italie fasciste et la persécution des juifs (PUF, 2012), Totalitarisme fasciste (CNRS 2018).

Elle est coresponsable du Groupe de recherches sur l’Italie contemporaine, avec Marc Lazar, au Centre d’histoire de Sciences Po. Elle revient sur l’escalade des tensions entre la France et l’Italie depuis quelques mois, jusqu’au dernier événement en date : le rappel de l’ambassadeur français jeudi 7 février.

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Quel rôle historique les conflits et les crises diplomatiques ont-ils joué dans les relations franco-italiennes ?

En dépit d’une grande proximité culturelle entre les « sœurs latines », la relation franco-italienne a été jalonnée de crises. Dès la fin du XIXe siècle, des tensions importantes apparaissent. A partir de 1888, les deux pays se livrent une guerre douanière pour une dizaine d’années. A la même époque, des rivalités coloniales émergent entre la France et l’Italie. Elles se concentrent sur la Tunisie, le traité du Bardo de 1881 qui établit la domination française sur le pays n’étant jamais véritablement accepté par l’Italie. Un statut particulier des Italiens nés en Tunisie, grâce auquel ils conservent leur nationalité d’origine, contribue à entretenir, dans la Péninsule, l’espoir de s’emparer un jour de ce territoire.

Plus tard, une autre crise illustre l’importance de la question coloniale dans les relations entre les deux pays : en 1935, alors que Pierre Laval était ministre des affaires étrangères, Mussolini a cru, ou feint de croire, qu’il avait carte blanche pour conquérir l’Ethiopie. L’Italie ressent donc comme une injustice les sanctions prononcées à son égard par la Société des nations (SDN) après l’invasion de l’Ethiopie.

Les tensions sont à leur apogée en novembre 1938 lorsque le nouvel ambassadeur, André-François Poncet, est chahuté à la Chambre des faisceaux et corporations aux cris de « Tunisie, Corse, Djibouti ! », territoires sous domination française revendiqués par l’Italie.

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