Après l’affaire Khashoggi, le procès en trompe-l’œil du commando d’Istanbul

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L’opacité entretenue sur cette procédure judiciaire fait craindre que le pouvoir saoudien renâcle à faire la lumière sur ce scandale et à en tirer les leçons appropriées.

Par Benjamin Barthe Publié aujourd’hui à 06h40, mis à jour à 06h40

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La deuxième audience de ce que les autorités saoudiennes présentent comme le procès de l’affaire Khashoggi s’est tenue jeudi 31 janvier, à Riyad, dans le secret le plus complet.

Les onze personnes que le royaume tient pour responsables de l’assassinat du journaliste, dont cinq sont passibles de la peine de mort, ont comparu devant les juges à la dérobée. En l’absence de la presse qui n’a pas été prévenue, comme c’était le cas déjà à l’ouverture du procès, le 3 janvier. Et sans même que le bureau du procureur général ne publie un communiqué après coup.

C’est la rapporteure spéciale des Nations unies (ONU) sur les exécutions extrajudiciaires, la Française Agnès Callamard, chargée d’enquêter sur la mort de M. Khashoggi, qui a révélé, jeudi 7 février, la tenue de cette deuxième session, dont elle a pris connaissance, inopinément, lors d’un déplacement en Turquie.

L’opacité entretenue sur cette procédure judiciaire fait craindre que le pouvoir saoudien renâcle à faire la lumière sur ce scandale et à en tirer les leçons appropriées. « On n’a pas vu passer de réformes de fond, susceptibles d’empêcher qu’une telle histoire se reproduise », déplore un fin connaisseur du royaume.

Enregistrements audios « épouvantables »

Figure de la presse saoudienne, exilé aux Etats-Unis et recruté par le Washington Post, dans les pages duquel il critiquait l’autoritarisme du prince héritier Mohammed Ben Salman, dit « MBS », l’homme-orchestre de la monarchie, Jamal Khashoggi a été tué le 2 octobre 2018, dans le consulat de son pays à Istanbul (Turquie). L’opération a été menée par un commando de quinze agents saoudiens, qui lui ont administré une injection létale, avant de démembrer son corps.

Selon Riyad, cette équipée, qui aurait eu pour but de rapatrier le dissident vivant mais aurait mal tourné, a été conçue par le numéro deux des services de renseignements extérieurs, le général Ahmed Al-Assiri, à l’insu de Mohammed Ben Salman. Une version contestée par la CIA. Compte tenu du rôle central du dauphin dans les affaires du royaume, la centrale d’espionnage américaine estime que l’opération n’a pas pu être menée sans son aval.

Le New York Times a d’ailleurs apporté, le 7 février, un nouvel élément à charge contre le prince héritier. Citant plusieurs sources ayant eu accès à des écoutes des renseignements américains, le quotidien américain affirme qu’en septembre 2017, MBS a déclaré à l’un de ses conseillers être prêt à utiliser « une balle » contre M. Khashoggi si ce dernier ne rentrait pas en Arabie saoudite.

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