En Libye, les Tripolitains dépités par l’offensive du maréchal Haftar

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Trois semaines après le début de son offensive sur la capitale, le patron de l’Armée nationale libyenne peine à susciter la sympathie d’une population souffrant de l’escalade des violences.

Par Frédéric Bobin Publié aujourd’hui à 10h13

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Lors d’une manifestation anti-Haftar, sur la place des Martyrs, à Tripoli, le 26 avril.
Lors d’une manifestation anti-Haftar, sur la place des Martyrs, à Tripoli, le 26 avril. Samuel Gratacap pour “Le Monde”

Mahmoud S. aurait volontiers accueilli à bras ouverts le maréchal Khalifa Haftar à son arrivée à Tripoli. « Je le soutenais car je déteste les islamistes, je suis pour un gouvernement fort qui permette de relancer notre économie en crise », explique cet homme d’affaires de Tripoli spécialisé dans l’aménagement de cuisines. Il a pourtant déchanté quand le patron de l’Armée nationale libyenne (ANL) a lancé le 4 avril ses troupes à l’assaut de la capitale où siège le gouvernement d’« union nationale » de Faïez Sarraj, reconnu par la communauté internationale. La bienveillance n’a pas tenu très longtemps.

Aujourd’hui, Mahmoud S. est atterré par la tournure prise par les événements. Après trois semaines de combats dans les quartiers périphériques, la nouvelle « bataille de Tripoli » – la troisième depuis 2011 – a fait près de 280 morts, dont des civils, 1 350 blessés et 39 000 déplacés. « Haftar a détruit en vingt jours la bonne image que j’avais de lui depuis cinq ans », soupire l’entrepreneur, assis à son bureau de la salle d’exposition où s’exhibent cuisinières, placards, tiroirs aux formes et couleurs variées. La pièce est vide de tout employé et de tout client. Avec l’usine d’assemblage inaccessible, car située au-delà de la ligne de front à 5 kilomètres de distance, il a dû mettre au chômage technique ses vingt-cinq salariés.

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Dans ce quartier situé à proximité de Salaheddine, l’une des poches disputées de la capitale, les rues sont désertes. Un chat glissant nonchalamment le long d’un mur garni d’un rosier est bien la seule scène de vie. La population se terre chez elle, ou s’est réfugiée en des lieux plus sûrs. Un silence inhabituel s’est abattu sur ce tout nouveau no man’s land, déchiré çà et là par les sourdes détonations des combats alentour. Mahmoud soupire, mine déconfite.

« Haftar est-il venu libérer ou détruire Tripoli ? »

« Quand les troupes de Haftar sont arrivées, je pensais avoir affaire à de vrais militaires, dit-il. Or j’ai vu des hommes armés qui ne se comportaient pas différemment des milices. » Dès les premiers jours, alors que sa percée initiale butte sur une résistance mal anticipée, le maréchal Haftar commet ses premières erreurs. Des roquettes et des missiles atteignent des habitations, faisant des victimes civiles. « Haftar est-il venu libérer ou détruire Tripoli ? », interroge Mahmoud S. Dès lors, un cercle vicieux semble s’être enclenché. Plus les combats durent, plus la vie quotidienne des habitants de Tripoli est déstabilisée – écoles et commerces fermés dans les quartiers proches des différentes lignes de front –, et plus le crédit politique de Haftar souffre auprès de la population.

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