« La vision d’un Japon sur le déclin est trop simple »

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Sous le règne d’Akihito, l’Archipel a connu une décennie d’expansion, suivie de deux décennies de stagnation, analyse l’économiste Sébastien Lechevalier dans une tribune au « Monde ».

Publié aujourd’hui à 12h35 Temps de Lecture 4 min.

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Le bilan de l’ère Heisei

« Reiwa » : tel est le nom de la nouvelle ère impériale qui commencera le 1er mai au Japon, avec l’avènement de l’empereur Naruhito à la suite de l’abdication de son père, Akihito. Le premier ministre Shinzo Abe a expliqué la signification de cette appellation : « Quand les cœurs sont en harmonie, la culture peut fleurir ». C’est le gouvernement qui a décidé du nom de l’ère, sans consulter le monarque. Reiwa succède à l’ère actuelle Heisei, ou « accomplissement de la paix ». Celle-ci avait commencé le 8 janvier 1989 avec le début du règne de l’empereur Akihito, au lendemain de la mort de son père, l’empereur Hirohito, et a duré trente ans. Chaque ère du Japon moderne et contemporain – associée à un empereur – correspond à une certaine période du développement du pays. Quatre chercheurs dressent un bilan de la grande transformation qu’ont connue la société et l’économie japonaise en trois décennies.

Tribune. Le 30 avril s’achèvera au Japon l’ère Heisei, commencée le 8 janvier 1989, qui laissera la place à l’ère Reiwa, après l’abdication de l’empereur Akihito. Dans un contexte institutionnel dans lequel celui-ci n’a qu’un pouvoir symbolique et où les ères ne sont qu’une sorte de calendrier parallèle au calendrier occidental, il ne faut pas surinterpréter ce changement d’un point de vue économique. Cependant, chaque ère du Japon moderne et contemporain – associée à un empereur – correspond à une certaine période du développement du Japon. Il est possible de faire un bilan d’Heisei tout en identifiant les perspectives pour l’économie japonaise.

Ainsi, l’ère Meiji (1868-1912) a été celle d’un changement institutionnel profond – avec le retour au premier plan de l’empereur après une période (Edo) où le vrai pouvoir était entre les mains du shogun – mais aussi, et surtout, celle du début du décollage économique et de la modernisation du Japon au sens occidental. Taisho (1912-1926) est, elle, souvent considérée d’un point de vue économique comme une transition, caractérisée par une forte instabilité. Showa (1926-1989) – marquée par la montée du nationalisme japonais, qui a conduit à la guerre puis à la catastrophe de la défaite – a également une dimension économique importante puisqu’elle correspond, après 1945, à la période de forte croissance faisant suite à la reconstruction et conduisant au rattrapage des puissances occidentales par le pays, qui, dès la fin des années 1970, devient la seconde puissance économique mondiale.

« Lorsque commence Heisei, en 1989, les meilleurs économistes du monde prédisent que le Japon aura dépassé les Etats-Unis avant la fin du siècle »

Lorsque commence Heisei, en 1989, les meilleurs économistes du monde prédisent que le Japon aura dépassé les Etats-Unis avant la fin du siècle et sera devenu number one, pour reprendre le titre du célèbre livre d’Ezra Vogel (Japan as No. 1. Lessons for America, Harvard University Press, 1979). Mais l’éclatement des bulles financières et foncières au début des années 1990, la crise asiatique de 1997, la crise mondiale de 2008, puis la catastrophe nucléaire de Fukushima en 2011, entre autres, ont largement invalidé ce pronostic. Trente ans plus tard, l’image qui domine est celle d’une stagnation économique – d’où l’expression de « décennies perdues » pour caractériser Heisei. Symbole de ce déclin, au moins relatif, le Japon connaît une chute de natalité, un vieillissement accéléré et, depuis 2005, une baisse absolue de sa population.

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