« Les femmes sont la clé de l’avenir du Japon »

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L’ère Reiwa pourrait offrir des perspectives de progrès en matière d’égalité femmes-hommes, car le pays est très en retard dans ce domaine, estime la politiste Mari Miura dans un entretien au « Monde ».

Propos recueillis par Philippe Mesmer Publié aujourd’hui à 12h35

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Le bilan de l’ère Heisei

« Reiwa » : tel est le nom de la nouvelle ère impériale qui commencera le 1er mai au Japon, avec l’avènement de l’empereur Naruhito à la suite de l’abdication de son père, Akihito. Le premier ministre Shinzo Abe a expliqué la signification de cette appellation : « Quand les cœurs sont en harmonie, la culture peut fleurir ». C’est le gouvernement qui a décidé du nom de l’ère, sans consulter le monarque. Reiwa succède à l’ère actuelle Heisei, ou « accomplissement de la paix ». Celle-ci avait commencé le 8 janvier 1989 avec le début du règne de l’empereur Akihito, au lendemain de la mort de son père, l’empereur Hirohito, et a duré trente ans. Chaque ère du Japon moderne et contemporain – associée à un empereur – correspond à une certaine période du développement du pays. Quatre chercheurs dressent un bilan de la grande transformation qu’ont connue la société et l’économie japonaise en trois décennies.

Mari Miura est professeure de sciences politiques à la faculté de droit de l’université Sophia, à Tokyo, au Japon. Cofondatrice de « l’Académie pour la parité », qui assure des formations pour les jeunes femmes désireuses de se lancer en politique, elle est membre du comité directeur du W20 Japan, structure officielle formulant des propositions au G20 sur les questions de genre.

Quel bilan tirer de la période Heisei pour les femmes au Japon ?

La période avait bien commencé mais les promesses des premières années n’ont pas été tenues. La loi sur l’égalité des chances au travail est entrée en vigueur en 1986, ouvrant des opportunités dans le monde du travail. Mais les limites sont restées fortes car les femmes ont dû travailler comme les hommes, c’est-à-dire accepter les longues heures de présence au bureau et des affectations multiples, ce qui entrait en conflit avec la vie familiale. Le changement ne s’est fait qu’en surface, créant un énorme décalage entre la réalité et la structure légale. Les stéréotypes n’ont pas évolué.

Ce constat concerne-t-il aussi bien la sphère professionnelle que la sphère privée ?

La part des femmes qui travaillent a augmenté, dépassant en 1995 celle des femmes au foyer. Mais elles sont confrontées à deux pièges : le piège de l’argent pour celles, majoritaires, qui sont contraintes à une activité rémunérée, souvent dans des emplois précaires sans perspective de carrière. L’autre piège est celui de la carrière. Celles qui travaillent en entreprise se heurtent à un plafond de verre en raison des exigences de la vie familiale. Elles sont condamnées à une carrière modeste et n’accèdent pas aux postes à responsabilité.

A la maison, la situation n’a guère changé. Conscient dès le début des années 1990 du problème du faible taux de fécondité, le gouvernement a tenté de mobiliser les hommes autour de l’éducation des enfants, avec le congé parental. Mais, selon les statistiques, les hommes consacrent moins de cinq heures par semaine aux travaux à la maison, contre 25 heures pour les femmes. Il y a une volonté de changer chez les plus jeunes, mais on reste loin de l’équilibre dans la répartition des tâches.

Comment expliquer la lenteur des évolutions ?

Ce n’est pas faute de volonté car le mouvement féministe a connu dans les années 1990 sa deuxième vague en faveur de l’égalité – après celle des années 1970. La loi pour la parité dans la société a été adoptée en 1999, mais les ordonnances attendues au niveau local ont été bloquées.

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