Mindanao dans les mailles du djihad

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The ruins of a mosque are seen in the ground zero area of Marawi City. It has been more than a year since the Philippine military declared the Muslim-majority city of Marawi “liberated” from ISIS-linked militants, but the city remains a ghost town, and locals are becoming more and more frustrated with the lack of government support. Marawi's youth, among the most vulnerable, are now faced with forming their identity amidst trauma and conflict.

HANNAH REYES MORALES / MAPS POUR “LE MONDE”

Par Harold Thibault

Sur l’île de Mindanao, des rebelles musulmans ont rejoint l’organisation Etat islamique. L’arméea chassé les djihadistes de la ville de Marawi après une bataille meurtrière, mais la tentation du djihad demeure pour les jeunes poussés par la pauvreté et un sentiment d’injustice à l’égard du pouvoir central.

Azul était persuadé qu’il n’en reviendrait pas vivant. Que son chemin s’arrêterait sous les bombes, dans les décombres de Marawi, sur l’île de Mindanao, où l’organisation Etat islamique (EI) avait voulu établir le siège de son « califat » sud-est asiatique, calqué sur les modèles irakien et syrien. Il aura fallu à l’armée cinq mois d’intenses combats, de mai à octobre 2017, pour reprendre la plus grande ville à majorité musulmane des Philippines. « Je ne parviens pas à passer à autre chose, j’y pense tout le temps », confie ce fermier de 29 ans, père de quatre enfants.

« Azul » s’est rendu à l’armée après avoir participé à la bataille de Marawi, dans les rangs de l’organisation Etat islamique.
« Azul » s’est rendu à l’armée après avoir participé à la bataille de Marawi, dans les rangs de l’organisation Etat islamique. HANNAH REYES MORALES / MAPS POUR “LE MONDE”

Azul avait rejoint l’EI, nouvelle incarnation de l’ennemi de Manille dans le conflit sans fin qui se joue à Mindanao. Sur cette île, deuxième du pays en surface et en population, s’entrechoquent deux plaques culturelles : la majorité chrétienne, qui détient le pouvoir dans l’archipel, et la communauté musulmane, qui s’étend jusqu’à l’Indonésie et la Malaisie voisines. Après l’arrivée de Magellan en 1521, les colons espagnols ne sont jamais parvenus, en presque quatre siècles de présence aux Philippines, à soumettre les sultanats du sud de l’archipel. Aujourd’hui encore, lorsqu’une guérilla sécessionniste dépose les armes pour s’engager dans un processus de négociation avec Manille, une autre la dénonce aussitôt et perpétue l’affrontement.

La franchise « EI » apposée à certains groupes rebelles à partir de 2014, leur a donné un cachet international, représentant un attrait nouveau pour les jeunes de Mindanao comme Azul. Depuis l’adolescence, il appartenait à la principale guérilla musulmane locale, le Front Moro islamique de libération (FMIL). Sur les terres verdoyantes enlaçant les eaux paisibles du lac Lanao, beaucoup de paysans sont ainsi aptes à se transformer en combattants armés. Dans la jungle, non seulement le FMIL s’opposait à l’armée régulière quand celle-ci tentait des incursions, mais il louait aussi ses services aux puissantes familles locales lorsque s’ouvraient des guerres de clans, notamment à l’approche des périodes électorales. La direction du mouvement a fini par accepter le compromis, négociant avec le gouvernement philippin une plus grande autonomie et un contrôle accru sur les ressources de la région. L’accord a été entériné par référendum en janvier. Il doit mener, en 2022, à l’élection d’un Parlement local.

Ce renoncement aux armes n’a pas plu à tout le monde. Dénonçant la corruption et la compromission politique au sein du FMIL, ainsi que son éloignement des préceptes de l’islam, des recruteurs ont sillonné la région. Azul a été approché à plusieurs reprises par ces hommes, dès 2016. Ils lui ont proposé 20 000 pesos (340 euros) pour rejoindre leurs rangs. Ils ne se revendiquaient pas d’une force locale aux initiales obscures, mais d’une bannière mondialisée : « Al-Dawla Al-Islamiya » – « l’Etat islamique ». Après deux semaines de réflexion, Azul s’est engagé à leurs côtés.

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