La presse fabrique-t-elle l’opinion publique européenne ?

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Spécialisé en économie, le think tank Bruegel a pris « Le Monde » comme exemple et a recherché les allusions à l’Europe dans ses articles parus depuis 1944, afin de démontrer quelle a pu être son influence sur le sujet.

Par Jean-Pierre Stroobants Publié aujourd’hui à 06h00

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On les imagine, modernes bénédictins, noyés dans la collection du Monde depuis 1944 pour y traquer le mot « Europe ». Certes, les érudits du think tank bruxellois Bruegel ont été aidés par l’informatique, mais il n’empêche : il y a un petit grain de folie dans le projet qu’ils ont baptisé « Talking about Europe ». En s’emparant de tous les articles parus dans le quotidien du soir depuis sa naissance, ils ont tenté d’y repérer la mention d’une vingtaine de mots-clés, de « Communauté européenne » à « Schengen », « Bruxelles » ou « Strasbourg », en passant par « Marché commun ».

Leur but ? Déterminer la place que Le Monde octroie aux questions liées, de près ou de loin, à l’Europe. Mais aussi, savoir quelle est la fréquence des allusions à celle-ci dans les débats nationaux. Et, surtout, déterminer si l’information peut contribuer, ou non, à créer cette opinion publique européenne que l’on dit « naissante » depuis tellement longtemps que l’on se demande si, en réalité, elle peut exister. Les premières données dégagées indiquent que sur les 2,8 millions d’articles publiés en soixante-quatorze ans, quelque 750 000 mentionnent « l’Europe », soit près de 27 %. Des chiffres bruts, préliminaires et peut-être incomplets, insistent les auteurs.

« L’argument selon lequel l’absence d’une opinion publique européenne serait un obstacle à davantage d’intégration perd du terrain, décennie après décennie »

Il n’empêche : la presse écrite – seule source possible pour une analyse sur une période aussi longue – intégrerait bel et bien, et de plus en plus, la dimension européenne dans l’information qu’elle délivre. Et l’hypothèse des chercheurs – l’Europe est de plus en plus présente dans les débats publics nationaux – serait vérifiée. Sur la pointe des pieds, ces europhiles convaincus formulent donc une première conclusion en forme d’espoir : « L’argument selon lequel l’absence d’une opinion publique européenne serait un obstacle à davantage d’intégration perd du terrain, décennie après décennie. »

Etendre l’étude à d’autres pays

Basée, à ce stade, sur l’observation du seul journal Le Monde, l’assertion devra être vérifiée. L’examen approfondi d’un quotidien allemand et d’un italien – avant, peut-être, une extension aux trois autres pays fondateurs (Belgique, Luxembourg et Pays-Bas) – suivra. Et il démentira peut-être ce point de vue optimiste. On peut penser aussi que, comme l’écrivait l’historien polonais Krzysztof Pomian au lendemain des référendums de 2005, les opinions publiques – « véritables insurrections électorales » selon Hubert Védrine – « ne sont pas une pâte façonnée ad libitum pour les politiciens et les journalistes ». « Si elles étaient vraiment intéressées par les questions européennes et convaincues de la nécessité d’un approfondissement de l’intégration, tant les médias que les acteurs politiques finiraient par se ranger de leur côté. »

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