En Libye, sur le front déchiqueté d’une troisième guerre civile

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A Aziziya dans le sud-ouest de Tripoli, les troupes loyales au gouvernement de Tripoli ont regagné le terrain perdu aux forces du maréchal Haftar.

Par Frédéric Bobin Publié aujourd’hui à 06h21, mis à jour à 09h54

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Sur le front, entre les villes d’Aziziya et Gharian, qui oppose les forces du maréchal Haftar à celles de Faïez Sarraj, le 24 avril.
Sur le front, entre les villes d’Aziziya et Gharian, qui oppose les forces du maréchal Haftar à celles de Faïez Sarraj, le 24 avril. SAMUEL GRATACAP POUR LE MONDE

Les hommes ont plongé sous le 4 x 4 quand la lourde détonation a retenti. A une cinquantaine de mètres de la route, une corolle de poussière et de fumée s’est élevée du champ d’oliviers d’Aziziya, panache ocre flottant dans l’air tiède d’une Libye de nouveau en guerre. La roquette Grad n’a pulvérisé que de la terre meuble.

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Ce mardi 23 avril, la ligne de front sud-ouest de la bataille de Tripoli, à 50 km de la capitale, est âprement disputée. Près de trois semaines après le déclenchement des hostilités, les combats font rage en périphérie de la ville, alourdissant le bilan du conflit à 264 personnes tuées, dont des civils, 1 266 blessés et au moins 35 000 déplacés.

Quelques minutes avant le tir du Grad dans les oliviers, le convoi de pick-up chargés de combattants loyaux au « gouvernement d’accord national » (GAN) de Faïez Sarraj a dû s’arracher hâtivement d’une position située plus au sud, à Al-Hira, à l’orée de la zone contrôlée par l’Armée nationale libyenne (ANL) du maréchal Khalifa Haftar.

Les rafales ont crépité, déchiquetant les branches d’arbres et allumant des brasiers dans l’herbe sèche. Le convoi a déguerpi à travers champs, cahotant dans les chemins creux pour se replier au bord de la route goudronnée. Là, dans un immeuble abandonné criblé de balles, des soldats et miliciens venus de Zinten ou de Zaouïa, cités de la Tripolitaine (Ouest libyen), s’offrent un répit autour d’une barquette de couscous.

Les combattants anti-Haftar préparent les munitions, à quelques kilomètres du front, entre les villes d'Aziziyah et de Gharyan (Libye), le 24 avril.
Les combattants anti-Haftar préparent les munitions, à quelques kilomètres du front, entre les villes d’Aziziyah et de Gharyan (Libye), le 24 avril. SAMUEL GRATACAP POUR LE MONDE

Puis ils s’activent à armer les batteries de mortier et les mitrailleuses juchées sur les pick-up. Dans un véhicule, un tapis de prière soyeux couvre des caisses de munitions. A intervalles réguliers, le ciel gronde du vacarme d’avions de l’ANL larguant des missiles sur cette vaste plaine d’Aziziya, où s’ouvrent les portes du djebel (monts) Néfoussa et du désert. A la sortie sud d’Aziziya, l’explosion libère un immense champignon terreux que le vent jaune du Sahara effiloche vite. L’horizon se brouille de sable et de cendres derrière les ambulances et les renforts qui foncent au front d’Al-Hira.

Verrou stratégique

« On est là pour combattre un dictateur », clame Ahmed S., un étudiant zinteni, tee-shirt blanc et joues imberbes, qui en est à sa deuxième guerre en cinq ans. Il était trop jeune lors de l’insurrection anti-Kadhafi de 2011, mais assez mûr pour le conflit de l’été 2014. Il avait alors combattu aux côtés de M. Haftar contre un bloc politico-militaire (Aube de la Libye) adossé aux puissantes milices de Misrata.

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