« Empêcher une femme de recourir à l’avortement met en cause le droit à la santé »

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« Mon corps, mon choix », lit-on sur cette pancarte lors d’une manifestation pour la libéralisation du droit à l’IVG, à Bruxelles, en septembre 2017.

Politiste et professeure à l’Université libre de Bruxelles, Bérengère Marques-Pereira publie aux éditions du Centre de recherche et d’information sociopolitiques (Crisp) L’Avortement dans l’Union européenne. Acteurs, enjeux et discours. Un vaste panorama d’une question controversée au moment où des tentatives de restriction mettent en lumière, comme aux Etats-Unis, l’éventuelle réversibilité du droit à l’interruption volontaire de grossesse (IVG).

Les débats sur les restrictions à l’IVG sont vifs dans plusieurs pays américains. L’Europe se dirige-t-elle aussi vers une régression, telle qu’elle se manifeste en Pologne ou telle qu’elle a été évoquée en Italie ?

L’Europe, où est globalement reconnu le droit d’accès à l’IVG, connaît l’un des taux d’avortement les plus faibles au monde. On assiste à quelques libéralisations timides, mais également à d’importantes régressions. En Pologne, on a affaire à une quasi-interdiction [désormais proscrit en cas de malformation grave du fœtus, l’avortement ne reste possible qu’en cas de menace pour la vie de la femme enceinte et si la grossesse est le résultat d’un viol ou d’un inceste]. A Malte, l’interdiction est totale.

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Dans les pays dotés de lois libérales, l’accès à l’IVG est entravé par le recours abusif à l’objection de conscience de la part des médecins. C’est fréquent en Europe centrale, mais aussi en Italie, où le ministère de la santé indique que 70 % des médecins recourent à la clause de conscience. Elle est en quelque sorte institutionnalisée quand des chefs de service imposent par exemple à leur personnel de refuser tout soin post ou pré-avortement. Dès lors, le droit d’avorter est rendu inaccessible sur 80 % du territoire italien.

Il faut également souligner les obstacles administratifs et légaux qui, en s’accumulant, compliquent l’accès à l’IVG : délais légaux restreints, délais de réflexion obligatoires et infantilisants > [en France, le délai de réflexion de sept jours a été supprimé en 2016], > obligation de s’assurer du consentement de la femme – c’est important, mais pourquoi davantage que pour une autre opération médicale ?

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Enfin se dressent des barrières financières. Le délai légal pour avorter variant d’un Etat à l’autre (jusqu’à la 12e semaine de grossesse dans la plupart, mais 22 aux Pays-Bas), les femmes qui le dépassent dans leur pays n’ont pas toutes les moyens de financer un voyage et une intervention à l’étranger. Se pose également en amont la question de l’accès à la contraception. Alors que les contraceptifs modernes sont considérés comme des « médicaments essentiels » par l’Organisation mondiale de la santé, de nombreux Etats européens ne les remboursent pas et soumettent leur accès aux mineures à une autorisation parentale.

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