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Entre les étals quasi vides de son supermarché à Choueifat, dans la banlieue sud de Beyrouth, Nour passe vite son chemin. La mère de famille ne s’arrête plus au rayon d’huile d’olive, « trop chère » depuis des mois. Pendant la période du ramadan, qui a commencé mardi 13 avril au Liban et se prolonge jusqu’au 12 mai, elle cuisinera les plats de rupture du jeûne, l’iftar, avec un bidon d’huile de friture.
« Je n’en parle pas à mes enfants, j’espère qu’ils ne voient pas la différence, confie Nour, par téléphone, de la zone industrielle, aux abords de l’aéroport international, où elle habite. Bien sûr, ils se doutent qu’on n’a plus trop le choix désormais. » A cause de l’hyperinflation galopante qui gangrène l’économie libanaise depuis un an et demi, les musulmans s’apprêtent à célébrer un mois de ramadan bien morne.
« Les soirs d’iftar, il y a d’ordinaire plein de gens qui viennent. On met tout en commun, les plats, les boissons… », se souvient Nour. En 2020, les restrictions mises en place contre l’épidémie de Covid-19 avaient déjà limité le nombre de convives. Cette année, en plus du couvre-feu et de l’interdiction des rassemblements décrétés par l’exécutif, Nour a prévu de réduire les portions servies à ses quatre enfants.
Ni viande ni légumes frais
Sur les dix-huit derniers mois, la livre libanaise a dévissé et perdu 80 % de sa valeur par rapport au dollar. La monnaie s’échange sur le marché noir à environ 12 000 livres libanaises (6,58 euros) contre 1 dollar, bien loin du taux officiel de 1 500 livres pour 1 dollar. Avec des retombées directes sur les prix : le coût moyen des aliments aurait quadruplé depuis février 2020. Celui du fatouche – une salade agrémentée de sumac, très populaire au Levant – a explosé de 210 %, d’après l’index des prix établi par le ministère de l’intérieur libanais.
Le coût total d’un iftar classique – composé d’une soupe de lentilles, d’une salade, d’un plat de riz avec du poulet, de yaourt et de dattes – pour cinq personnes par soir, pour toute la période du ramadan, revient à presque 1 000 euros en moyenne, soit deux fois et demi le montant du salaire minimum au Liban (675 000 livres, soit environ 370 euros), selon l’observatoire de la crise, créé au sein de l’université américaine de Beyrouth.
Certains produits sont désormais inaccessibles à la plupart des familles, plus de la moitié des Libanais vivant sous le seuil de pauvreté. Rares sont ceux qui peuvent ainsi s’offrir du jallab, une boisson à base de mélasse de dattes, ou du maamoul, un gâteau sec aux pistaches, très prisés au moment des fêtes.
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