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Editorial. Quel chiffre saura donner la juste mesure de la calamité qui s’est abattue, depuis plus d’une année, sur nos sociétés ? L’énormité du nombre de ses victimes ? La France devient, ces jours-ci, le huitième pays à franchir le seuil des 100 000 morts du Covid-19, le quatrième en Europe après le Royaume-Uni, l’Italie et la Russie. Mais ni cette hiérarchie du désastre ni ce chiffre glacial, aussi symbolique soit-il, ne pourront rendre compte de la détresse des disparitions isolées, de la douleur des deuils à distance.
A la différence d’une catastrophe naturelle, qui fige une ville ou une région entière dans le malheur, une épidémie est une tragédie qui sépare ses victimes et leurs proches, tout autant qu’elle brouille sa perception d’ensemble en la fragmentant.
L’ampleur du bilan ne dira pas non plus celle des pertes indirectes, toutes ces victimes invisibles du Covid-19 du fait des déprogrammations des opérations et des examens médicaux, des retards de diagnostic et de prise en charge. Mais, surtout, ce chiffre ne rendra pas justice aux efforts colossaux consentis par tout un pays, à commencer par ses soignants, pour le contenir. Combien de dizaines, de centaines de milliers de morts supplémentaires, dans la seule France, si rien n’avait été mis en œuvre pour entraver l’avancée de l’épidémie ?
Il suffit de regarder, ces jours-ci, le Brésil ployer sous l’impéritie de ses dirigeants, le nombre de ses morts s’allonger au-delà du soutenable, pour en être convaincu : laissé hors de contrôle, le SARS-CoV-2 aurait frappé bien plus largement que les 3 millions de personnes qu’il a tuées sur la planète, et les 136 millions qu’il a rendues malades, parfois avec des formes aussi longues que sévères.
Et encore, ce total des victimes actuelles est lui-même nettement sous-estimé en raison de bilans nationaux faussés, soit par négligence – combien de milliers de morts passés inaperçus dans les comtés du sud profond des Etats-Unis ? –, soit par dissimulation – le nombre officiel des victimes russes est de fait démenti par une surmortalité qui lui est quatre fois supérieure.
Avec toutes ces insuffisances, le bilan provisoire du Covid-19 n’en établit pas moins une certitude : c’est bien un mal majeur qui frappe la plupart des pays de la planète. Sur le sol français, aucune épidémie n’avait été plus virulente en un siècle, depuis la grippe espagnole de 1918.
Il faut tout l’aveuglement du monde pour persister aujourd’hui, après les sarcasmes des premiers mois sur les dangers prétendus de la « grippette », à nier les proportions du désastre. Et toute la mauvaise foi de l’époque pour assimiler les restrictions destinées à freiner le coronavirus à l’instauration d’une « dictature sanitaire ». En France, elles ont été appliquées avec un autoritarisme tatillon et un manque d’explication qui a érodé l’adhésion de nos concitoyens. Elles n’en étaient pas moins nécessaires.
Danger d’effondrement social
Pour l’heure, au-delà des polémiques, il importe de saisir les conséquences de ce bilan et de l’effort considérable qui a été consenti pour éviter qu’il soit beaucoup plus lourd. Le Covid-19 a davantage tué au sein des populations les plus fragiles, dans les quartiers défavorisés, dans les logements suroccupés, parmi les travailleurs de première ligne. Or, ce sont ceux-là mêmes qui se retrouvent aujourd’hui les plus menacés, avec une jeunesse qui a tant sacrifié, par les effets des mesures prises pour la sauvegarde générale. Le gel de nombre de secteurs d’activité a ajouté une crise de plus à toutes celles qui frappent leurs territoires de relégation, où ont été entassés tous les problèmes du pays.
Aux Etats-Unis, Joe Biden a pris la mesure de ce danger d’effondrement social, en accordant notamment, dans le cadre d’un gigantesque plan d’urgence, une aide sans condition aux plus exposés. Cette protection, sans équivalent depuis des décennies, découle logiquement du choix qui a été majoritairement partagé autour de la planète : placer la solidarité au-dessus de toute autre considération.
En France, comme aux Etats-Unis, comme ailleurs, cette décision implique une nouvelle responsabilité : ne pas se contenter de réparer les dégâts immédiats de cette catastrophe, mais, bien au-delà, colmater les fissures béantes que ces 100 000 morts ont dévoilées au sein de notre société.
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