De la difficulté de parler du viol au Japon

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La journaliste Shiori Ito relate l’« instant de destruction » qu’elle a vécu un soir d’avril 2015 face à Noriyuki Yamaguchi, ex-journaliste de la chaîne TBS et proche du premier ministre Shinzo Abe.

Publié aujourd’hui à 06h15 Temps de Lecture 2 min.

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Le livre. En parler ou pas. Après bien des hésitations et des discussions avec sa famille, la journaliste japonaise Shiori Ito a choisi de s’exprimer publiquement sur le viol dont elle a été victime. Elle l’a fait dans un livre, La Boîte noire. Elle y voyait le « seul moyen de faire avancer les choses », car « le silence n’apporte pas la paix ».

Dans cet ouvrage, elle relate cet « instant de destruction » traversé le soir du 3 avril 2015 quand Noriyuki Yamaguchi, ancien journaliste de la chaîne TBS et proche du premier ministre Shinzo Abe, dont il a écrit une biographie, aurait abusé d’elle dans une chambre de l’hôtel Sheraton Miyako de Tokyo, après lui avoir fait ingérer une « drogue du viol ».

Voulant porter plainte, Mme Ito se heurte aux réticences de la police, qui cherche à la dissuader car, selon un inspecteur, « des histoires comme ça, il y en a plein. Ça ne va pas être facile d’ouvrir une enquête ».

« Des histoires comme ça, il y en a plein. Ça ne va pas être facile d’ouvrir une enquête »

Dans un pays où la justice s’appuie principalement sur l’aveu, les affaires d’agressions sexuelles sont particulièrement difficiles à juger. « On n’a cessé de me répéter que ce qui se passe dans une pièce close est inaccessible à une tierce personne. Le procureur a qualifié cette situation de “black box” (boîte noire) ». Et Mme Ito de rappeler qu’au Japon « seulement 4,3 % des victimes demandent de l’aide à la police », selon les statistiques de 2014. Plus de 50 % des plaintes sont classées sans suite.

La procédure en elle-même est éprouvante psychologiquement, ponctuée d’interrogatoires répétitifs aux questions humiliantes, sur la virginité par exemple, voire, pour Mme Ito, d’une « reconstitution » devant des enquêteurs, « tous des hommes », au dernier étage d’un commissariat.

Shiori Ito a néanmoins persévéré malgré ses souffrances et le fait que son agresseur présumé soit une personnalité importante, dont l’arrestation a finalement été empêchée sur intervention d’Itaru Nakamura, cadre de la police de Tokyo et proche de l’administration Abe.

Archaïsme

Etablissant des comparaisons avec d’autres pays, à commencer par la Suède, où « tout est fait pour que les victimes ne rencontrent aucune difficulté pour porter plainte », Mme Ito déplore l’archaïsme du traitement des agressions sexuelles au Japon malgré le toilettage en 2017 de la législation sur les agressions sexuelles, qui datait de 1907.

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