« Le Sri Lanka est confronté à l’essor de mouvements religieux transnationaux »

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Dans un entretien au « Monde », le politiste rappelle que, dans le pays, lieu d’un attentat sanglant contre touristes et chrétiens, le 21 avril, persistent un nationalisme bouddhiste cinghalais toujours vif et des conflits identitaires.

Propos recueillis par Christine Rousseau Publié aujourd’hui à 10h46, mis à jour à 12h48

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Après la série d’attentats qui a visé des églises et des hôtels au Sri Lanka, dimanche 21 avril, faisant au moins 310 morts et 500 blessés, François Mabille, spécialiste des religions et de politique internationale, et membre du laboratoire Groupe sociétés, religions, laïcités du Centre national de la recherche scientifique, rappelle le rôle du christianisme dans l’île.

La série d’attentats survenue dimanche 21 avril a visé notamment la communauté catholique, lors des célébrations de Pâques. Est-ce la première fois qu’elle est ainsi prise pour cible ?

A ma connaissance, oui. La présence chrétienne, et en particulier catholique, est ancienne sur l’île : elle remonterait à la colonisation portugaise au XVIe siècle. Depuis, les catholiques ont été plutôt préservés. Ce n’est que ces dernières années que l’on a vu progresser des atteintes aux biens et aux personnes, visant d’ailleurs davantage les protestants que les catholiques.

Des rapports issus d’organisations non gouvernementales comme L’Aide à l’Eglise en détresse, Christian Solidarity Worldwide ou l’USSD Religious Freedom Report soulignent une progression d’attaques contre les lieux de culte chrétiens, notamment depuis les dernières élections de février 2018. La violence qui vient de toucher des touristes, des Sri-Lankais catholiques et protestants, est donc inédite par la spécificité des groupes visés, mais doit être reconsidérée au regard de l’extrême violence qui a sévi dans l’île ces dernières décennies.

Quelle place occupe la violence dans cette société multiethnique et confessionnelle ?

Le conflit de 1983-2009, qui aurait schématiquement opposé une majorité cinghalaise « bouddhiste » contre une minorité tamoule « hindoue », ne résume pas l’évolution de la société sri-lankaise et de ses groupes religieux durant ces dernières décennies. L’Eglise catholique est traversée de longue date par des tensions et des conflits liés à l’articulation de l’identité religieuse et de l’identité nationale.

Le tournant s’opère à la fin des années 1950 avec l’expulsion des religieuses des hôpitaux, puis des officiers catholiques de l’armée à la suite du coup d’Etat de 1962, ou le sentiment que certains des Tamouls sont persécutés parce que catholiques ; c’est durant cette période que la question de la place et de l’intégration des catholiques se pose, le christianisme étant perçu comme religion d’importation.

Le concile Vatican II a eu un impact différent mais aussi déstabilisateur, notamment par l’importance désormais accordée au dialogue interreligieux, qui transforme la perception du bouddhisme par certains catholiques sri-lankais.

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