Zdravko Grebo, figure morale du siège de Sarajevo, est mort

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Représentant de la génération dite « yougoslave », cet enseignant de la faculté de droit de Sarajevo s’était mis au service de l’armée bosnienne pendant le siège de la ville. Il est mort le 29 janvier à l’âge de 71 ans.

Par Rémy Ourdan Publié aujourd’hui à 11h21

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Zdravko Grebo, à Sarajevo, le 19 octobre 1998.
Zdravko Grebo, à Sarajevo, le 19 octobre 1998. Fehim_Demir / EPA

Une génération est en train de s’éteindre à Sarajevo, qui aura marqué de son autorité morale les années noires du siège de la ville (1992-1995). Si la « génération de la guerre » hésite toujours entre continuer à lutter pour cette Bosnie-Herzégovine fracturée ou fuir à l’étranger en quête d’une vie meilleure, ses aînés de la « génération yougoslave » sont, eux, en train de disparaître.

L’une des principales figures citoyennes de cette « génération yougoslave » vient d’emporter avec lui un pan de l’histoire de la ville et de sa résistance aux folies nationalistes. Né le 30 juillet 1947 à Mostar, Zdravko Grebo est mort, le 29 janvier, à Sarajevo, à l’âge de 71 ans.

Il est difficile de résumer la vie de Zdravko Grebo tant elle fut riche d’expériences diverses, allant de la plus stricte vie académique à des aventures artistiques et urbaines pour le moins originales. Disons qu’il faisait partie de ces hommes qui font le sel d’une ville.

Résistant

Après des études à Sarajevo et Belgrade, Zdravko Grebo a enseigné à la faculté de droit de Sarajevo de 1972 à sa retraite. Dans son domaine de prédilection, auteur de 4 livres et de 150 articles, il était une référence. Les étudiants ont adoré écouter, durant plus de quatre décennies, son enseignement et sa voix rugueuse de fumeur invétéré.

Puis il y eut, pour Grebo comme pour tous ceux de sa génération, deux tournants : l’effondrement de la Yougoslavie communiste, synonyme à la fois d’espoirs de démocratisation et d’inquiétudes face à la montée des nationalismes ; puis, bien sûr, l’arrivée de la guerre.

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En 1992, Grebo s’engage immédiatement dans le mouvement de résistance de la ville. Peu habile avec un fusil, le professeur de droit se met néanmoins au service de l’armée bosnienne et dirige, entouré d’une bande d’intellectuels, le premier service de presse de l’état-major. Puis le « capitaine Grebo » (un grade honorifique) passe la main pour se consacrer à la résistance civile. Il crée la première Fondation Soros de Bosnie, financée par le milliardaire américain d’origine hongroise George Soros, fidèle soutien de ceux qui, en Europe de l’Est, privilégiant démocratie et droits de l’homme, refusent à la fois de revenir au communisme et d’embrasser le nationalisme. Il fonde aussi le Parlement Helsinki des citoyens en Bosnie.

Radio Zid, sa grande œuvre

Puis sa grande œuvre s’appelle Zid (Le Mur). Radio Zid devient l’une des deux principales radios libres de la ville assiégée. Tandis que Studio 99 se concentre sur l’information, la « radio urbaine » Zid accueille les animateurs et programmateurs les plus originaux et les artistes de la ville, y compris jeunes et inconnus. On peut tout faire, tout dire, sur les ondes de Radio Zid. Les écrivains y lisent leurs textes, les poètes y murmurent leurs vers. Les rockeurs de la ville amènent, au péril de leur vie, les cassettes de leurs dernières créations.

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