Pramila Bisoi, une voix pour les Indiennes pauvres

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ISHAN TANKHA POUR “LE MONDE”

Par Julien Bouissou

Une candidate aux origines paysannes est quasi sûre d’être élue, le 18 avril, dans un Parlement où les femmes sont rares.

Debout dans sa Jeep sans toit, à l’ombre d’un parasol vert aux couleurs du parti Biju Janata Dal (BJD), Pramila Bisoi se tient droite comme une statue. Sur la route parsemée de nids-de-poule, son corps est si frêle qu’il ne cesse de balancer de droite à gauche. Elle manque parfois de tomber à force de vouloir garder les mains jointes en guise de salutation aux villageois massés sur le bord de la route.

La paysanne de 70 ans, aux mains calleuses et au sari légèrement relevé sur la tête, n’est pas tout à fait rompue à ce genre de road show électoral. Elle n’a appris qu’elle était candidate aux élections générales que trois semaines avant le début du scrutin, organisé jeudi 18 avril dans cette circonscription rurale d’Asika, dans l’Odisha, dans l’est de l’Inde. Du 11 avril au 19 mai, 900 millions d’Indiens sont appelés aux urnes pour renouveler leur Parlement, qui élira le prochain premier ministre.

Dans cette circonscription d’environ 2 millions d’habitants, rares sont ceux qui la connaissent. Alors son parti lui a conseillé de faire de son mieux pour ressembler au portrait d’elle qui figurera sur la machine électronique le jour du vote : sourire aux lèvres et mains jointes.

Une affiche de Pramila Bisoi, candidate du parti BJD aux législatives dans l’Etat d’Odisha.
Une affiche de Pramila Bisoi, candidate du parti BJD aux législatives dans l’Etat d’Odisha. ISHAN TANKHA POUR “LE MONDE”

Les candidates sont rares dans ces élections : seulement 12 % à 14 % du total des investitures pour les grands partis nationaux. Les femmes sont sous-représentées au Parlement indien, alors que leur taux de participation ne cesse d’augmenter. Il était de 20 % dans les années 1960 et devrait rattraper celui des hommes lors du prochain scrutin. Ce poids croissant oblige certains partis à s’intéresser à elles. Le BJD est l’un des rares à leur avoir réservé un quota de 33 % sur sa liste de candidatures.

Ce parti régional est si influent dans la circonscription d’Asika que Pramila Bisoi a toutes les chances de devenir députée. Les femmes comme elle, qui n’ont pas étudié et dont la famille n’est pas engagée politiquement, sont encore plus rares. Pramila Bisoi ne parle ni l’hindi ni l’anglais, les deux langues officielles d’Inde. Elle ne sait lire que l’oriya, la langue régionale de l’Odisha, et ne sait plus comment l’écrire depuis qu’elle a quitté l’école, à l’âge de 9 ans. Elle n’a jamais pris l’avion et n’a encore jamais visité la capitale indienne où siège le Parlement. Mais tout cela ne l’impressionne guère.

Pramila Bisoi.
Pramila Bisoi. ISHAN TANKHA POUR “LE MONDE”

Pramila Bisoi faisait déjà de la politique à l’écart des partis. « Ce n’est pas parce qu’on laissait les partis aux hommes qu’on ne faisait pas pression sur les autorités », raconte-t-elle dans un haussement d’épaules. A plusieurs reprises, elle a bloqué la route qui passe à côté de son village pour alerter les autorités sur l’extraction illégale de sable dans la rivière voisine, ou pour obliger la police à arrêter un homme qui coupait des arbres dans la forêt.

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