Une famille iranienne, quarante ans après la révolution

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SADEGH BOAZAR / EVERYDAY IRAN

Par Ghazal Golshiri

Comme toutes les familles d’Iran, les Salimi n’ont pas échappé à l’histoire depuis 1979. Petites épreuves et grandes tragédies ont façonné chaque nouvelle génération, miroir d’une société  en pleine métamorphose.

En cette nuit glaciale de début janvier, la maison de Maliheh Salimi (les noms ont été modifiés à la demande des intéressés) est en ébullition. Depuis l’aube, des chaises et des tables métalliques ont été livrées par une entreprise de location. Des ballons roses et blancs ont été gonflés ; des dentelles ont été nouées en forme de papillon et épinglées sur les murs ; les grandes casseroles pleines de riz que Maliheh avait laissé reposer dans un mélange d’eau et de sel fument sur des plaques de cuisson à gaz. Cette femme de 57 ans se dit chanceuse : l’un des appartements de son immeuble, situé dans le quartier modeste de Shahran (ouest de Téhéran), était vacant ce mois-ci, et le propriétaire a donné son accord pour qu’il soit transformé en salle de fête furtive pour les fiançailles du fils cadet de Maliheh, Amir.

Pour l’occasion, une partie de la famille a fait le déplacement depuis Sari, ville du nord du pays. Les Salimi ressemblent aux protagonistes du film Underground, d’Emir Kusturica : en quelques secondes, ils peuvent passer du silence à une danse frénétique, accompagnée de claquements des mains, de mouvements rapides des pieds, pendant que les plus inventifs dérobent dans la cuisine une casserole ou un plateau pour en faire des tambours de fortune.

A Téhéran, en août 2018, une touriste américaine revêtue d’un tee-shirt portant des phrases d’excuse liées au comportement du président Trump. En arrière-plan, des slogans anti-américains sur une façade d’immeuble.
A Téhéran, en août 2018, une touriste américaine revêtue d’un tee-shirt portant des phrases d’excuse liées au comportement du président Trump. En arrière-plan, des slogans anti-américains sur une façade d’immeuble. KATE / EVERYDAY IRAN

L’heure est à la fête

Des femmes sont arrivées en tchador noir (l’habit des Iraniennes les plus traditionnelles et religieuses), avant de se changer à l’abri des regards et de réapparaître couvertes d’un tchador plus clair, puisqu’on est à l’intérieur et que l’heure est à la fête. Dans la pièce au sol en marbre et aux murs blancs, sous la lumière crue des néons, d’autres sont vêtues de larges robes aux manches longues et d’un simple foulard sur leurs cheveux. Certaines, plus jeunes, sont maquillées, en robe ou jupe courte, la tête nue. Bref, dans la famille Salimi, il y a de tout. L’imposante Mme Salimi est la plus âgée : à 80 ans, elle est la mère de certains, la sœur des autres ou leur tante. En l’occurrence, ce soir-là, elle est avant tout la grand-mère du futur marié.

A la regarder, et même à bien la connaître, il est impossible d’imaginer à quel point les générations qui lui ont succédé diffèrent de ce que fut la sienne. Ces différences, qui peuvent paraître triviales ou anodines, sont en réalité des évolutions, des libertés obtenues au fil du temps, grâce à la persévérance de chacun contre la rigidité de la société iranienne et, à plus petite échelle, contre celle de la famille. En tout cela, les Salimi sont emblématiques des familles de la classe moyenne et éduquée qui se sont métamorphosées, transformant ainsi la société depuis la révolution de 1979.

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