Au Royaume-Uni, le réchauffement climatique fait raccourcir les frites

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Selon un rapport de The Climate Action, qui regroupe 130 ONG, les « chips » britanniques ont été en moyenne trois centimètres plus courtes en 2018.

En 2018, le Royaume-Uni a enregistré sa quatrième plus faible récolte de pommes de terre au cours des soixante dernières années.

Est-ce le souvenir de ces longues journées où, enfant, Charles Dickens travaillait le ventre vide pour six shillings par semaine dans l’usine de cirage Warren ? A longueur de pages, le génie de la littérature victorienne n’en finit pas de décrire, avec gourmandise, les mets dévorés par ses personnages. Et c’est lui le premier qui dépeint, en 1859 dans Le Conte de deux cités, ces « costauds segments de pommes de terre, frits dans quelques répugnantes gouttes d’huile », qui se vendent alors sur les trottoirs de Londres. Les fameuses « chips », qui deviendront, accompagnées d’une généreuse portion d’aiglefin enrobé de panure, l’emblème gastronomique du Royaume-Uni depuis 1863, selon les historiens culinaires.

Mais Charles Dickens reconnaîtrait-il aujourd’hui les roboratives « chips » de ses romans ? Pas sûr, tant le précieux tronçon de tubercule semble avoir perdu de sa générosité, selon le Guardian. Dans son édition du jeudi 7 février, le quotidien britannique se fait ainsi l’écho d’un rapport de The Climate Action – qui regroupe 130 organisations non gouvernementales (ONG) déterminées à agir pour l’environnement. Selon leurs conclusions, les frites britanniques ont été en moyenne trois centimètres plus courtes en 2018.

Cinquante-huit jours sans pluie

A quoi doit-on ce soudain rapetissement ? Au réchauffement climatique, répondent à l’unisson les associations écologistes. L’été dernier, le Royaume-Uni a enregistré des températures record, et un déficit hydrique sans précédent. Dans certaines régions, pas une goutte de pluie n’est tombée en cinquante-huit jours. Et les conséquences pour l’agriculture locale sont lourdes : l’île a enregistré sa quatrième plus faible récolte de pommes de terre au cours des soixante dernières années.

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« Les rendements sont en baisse de 20 à 25 % », témoigne ainsi Richard Thompson, un agriculteur du Staffordshire, en plein cœur des Midlands de l’Ouest. Et le producteur de tubercules de renchérir : « Nous avons en plus des problèmes de qualité, avec beaucoup de pommes de terre difformes et plus petites. » Or, « des pommes de terre plus petites signifient des frites plus petites », explicite donc Cedric Porter, rédacteur en chef de la World Potato Markets Review, qui publie chaque jeudi une newsletter d’analyse du marché de la pomme de terre en Europe et dans le monde.

« La pomme de terre pourrait devenir un produit de luxe »

Or le Royaume-Uni peut se targuer de se nourrir « local », en matière de patates. Plus de 80 % de la consommation britannique a ainsi été cultivée dans le pays. La mauvaise récolte 2018 n’a donc pas pu échapper aux amateurs de fast-food britanniques. D’autant que les pommes de terre ne sont pas les seules à avoir mal encaissé les vagues de chaleur de l’été 2018 : les productions de carottes sont en baisse de 25 % et celles d’oignons de 40 %.

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Une situation qui risque d’aller de mal en pis, prévient The Climate Action dans son rapport. « Le réchauffement climatique pourrait rendre trois quarts des terres agricoles britanniques impropres à la culture d’ici à 2050 », peut-on ainsi y lire. « C’est inimaginable pour nous de penser que la pomme de terre pourrait devenir un produit de luxe, mais cela pourrait bien devenir une réalité si des actions contre le réchauffement climatique ne sont pas immédiatement prises », commente Gareth Redmond-King, de l’ONG écologiste WWF.

Interrogé par le Guardian, le cuisinier britannique Hugh Fearnley-Whittingstall prodigue ainsi ses conseils pour espérer continuer à manger des frites aussi plantureuses qu’au XIXe siècle :

« Mangez local et de saison, et vous ferez déjà un peu. Issu de l’agriculture biologique autant que possible, et limitez les produits carnés, et vous ferez encore plus. »

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