En Finlande, crispations identitaires avant les élections législatives

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L’extrême droite est créditée de 16,3 % des voix lors du scrutin de dimanche 14 avril.

Par Anne-Françoise Hivert Publié aujourd’hui à 08h00

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Des agents de sécurité maîtrisent un membre des Soldats d’Odin, un groupe d’extrême droite, en marge d’un meeting de campagne de Timo Soini, à Vantaa, en Finlande, le 24 mars.
Des agents de sécurité maîtrisent un membre des Soldats d’Odin, un groupe d’extrême droite, en marge d’un meeting de campagne de Timo Soini, à Vantaa, en Finlande, le 24 mars. HEIKKI SAUKKOMAA / AFP

Conseiller municipal à Helsinki, Suldaan Said Ahmed, d’origine somalienne, a l’habitude des insultes racistes et des menaces de mort. Le 25 mars, la violence est montée d’un cran. L’éducateur, candidat à l’élection législative du 14 avril pour l’Alliance de gauche, sortait d’un meeting électoral quand il s’est fait agresser par deux hommes dans le métro.

« Ils ont commencé par déchirer mes tracts, puis l’un m’a poussé contre le mur et m’a traité d’infidèle et de pédophile, raconte-t-il. J’ai tenté de m’enfuir, mais ils m’ont poursuivi. Quand la police est arrivée, ils avaient disparu. » L’incident, assure l’élu, est loin d’être isolé dans une campagne où le débat sur l’immigration a fait un retour en force ces derniers mois, sous la pression d’une extrême droite en plein essor.

Même le ministre des affaires étrangères, Timo Soini, fondateur du parti populiste des Vrais Finlandais qu’il a quitté en 2017, a fait les frais de ce climat délétère. Lors de sa visite sur un marché de Vantaa, dans la banlieue d’Helsinki, le 24 mars, un homme a tenté de le frapper. L’agresseur portait un sweat-shirt des Soldats d’Odin, une milice d’extrême droite créée à l’automne 2015 qui reproche à M. Soini sa « trahison ».

« Nous n’avions même pas commencé »

Mans Enqvist, inspecteur de police et chef de l’unité de lutte contre les crimes haineux à Helsinki, s’inquiète de la « polarisation de la société finlandaise », dont il estime qu’elle s’est accélérée ces dernières années. Il met en cause « l’impact de la rhétorique anti-immigration sur la montée en flèche des violences racistes depuis 2015 », qui marque un « point de rupture », selon lui.

Cette année-là, ce pays de 5,5 millions d’habitants a reçu 32 000 demandeurs d’asile, contre 4 000 les années précédentes. « Pour beaucoup de gens, ç’a été un choc, raconte Elisa Vepsäläinen, directrice de l’ONG Startup Refugees. Il n’y avait aucune structure en place et la plupart de ceux qui arrivaient étaient des hommes seuls. Le discours selon lequel l’intégration était un échec s’est propagé, mais nous n’avions même pas commencé. »

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Des mouvements identitaires font alors surface. « Ils ont vu la confirmation du “grand remplacement” [théorie selon laquelle les populations extra-européennes se substitueraient, dans les années à venir, aux Européens « de souche »] qu’ils annonçaient depuis des années », explique le chercheur Niko Pyrhönen. Peu importe que les personnes nées à l’étranger hors Europe représentent moins de 2 % de la population finlandaise, ou bien que le nombre d’arrivées soit retombé à ses niveaux antérieurs dès 2016.

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