Au Honduras, le calvaire des femmes et des personnes LGBT

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Victimes de viols, de maltraitances et de menaces, beaucoup prennent la route de l’exil vers les Etats-Unis ou l’Europe, malgré les dangers du voyage.

Par Angeline Montoya Publié aujourd’hui à 06h29, mis à jour à 09h35

Temps de Lecture 5 min.

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Carola, 25 ans, et sa fille, à San Pedro Sula (Honduras), le 24 janvier.
Carola, 25 ans, et sa fille, à San Pedro Sula (Honduras), le 24 janvier. JEOFFREY GUILLEMARD / HAYTHAM POUR “LE MONDE”

« J’ai appris à aimer ma fille. » Carola (le prénom a été changé) avait 16 ans quand elle a été violée. Elle a mis des années à accepter l’enfant issue de cette agression. Aujourd’hui, Maria, 9 ans, veut jouer au foot comme sa mère. « J’ai gagné une coupe de la meilleure buteuse. Mais j’en avais marre que dans le quartier on m’insulte, on m’agresse, on me dise que je donne un mauvais exemple à ma fille. Alors j’ai arrêté. »

Les agressions, elles, n’ont pas cessé. « Les lesbiennes à l’allure de garçon manqué comme moi sommes exposées à tous types de menaces, se résigne-t-elle. Dans la rue, on me dit qu’on va me violer, qu’on va m’apprendre à être une vraie femme. » Carola n’est pas seulement menacée parce qu’elle aime les femmes, mais aussi parce qu’elle a dénoncé son beau-frère pour avoir violé sa nièce dès l’âge de 6 ans. Il a passé deux mois en prison. « Depuis, je reçois des photos de femmes avec la tête défoncée, on me dit : “C’est comme ça que tu vas finir.” »

Alors, Carola est partie de sa ville, San Pedro Sula (nord-ouest du Honduras), dans l’espoir d’immigrer aux Etats-Unis. Une première fois en 2017, en bus. Arrivée à Tapachula, dans le sud du Mexique, elle voit un gang tuer les hommes et enlever les femmes pour les prostituer. Elle rentre au Honduras. Jusqu’au 12 octobre 2018, où elle reçoit une menace de mort du père de sa compagne, qui ne supporte pas l’homosexualité de sa fille. Ce soir-là, elle rejoint le groupe de migrants de la gare routière de San Pedro Sula.

En 2017, vingt-cinq fillettes de 10 ans sont devenues mères

Avec sa fille et sa compagne, elles marchent pendant six jours et font du stop. Arrivent à nouveau à Tapachula. Et se font arrêter par la police mexicaine de l’immigration. Une semaine après avoir été emmenées dans un centre où elles subissent tous types de brimades, elles sont embarquées dans un avion. Direction San Pedro Sula. Deux mois plus tard, Carola est frappée par des hommes dans la rue. Ils lui disent : « Si tu portes à nouveau plainte contre ton beau-frère, on te tue. » Elle ne portera plus plainte.

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Selon le Centre des droits des femmes (CDM), quelque 3 000 femmes – proportionnellement deux fois plus qu’en France, en tenant compte de la population de 9 millions d’habitants – ont porté plainte pour violences sexuelles en 2017. A peine 1,7 % ont obtenu une condamnation de leur agresseur.

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