Au Mali, la junte fait une concession de taille pour une levée des sanctions

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Le président de la transition Bah N’Daw (à droite) aux côtés du vice-président Assimi Goita, à Bamako, le 25 septembre 2020.

Les colonels qui ont pris le pouvoir le 18 août au Mali ont supprimé jeudi 1er octobre un obstacle de taille à la levée des sanctions ouest-africaines en renonçant à une prérogative majeure dévolue à leur chef dans la transition censée ramener les civils à la tête du pays.

Les militaires qui ont renversé le président Ibrahim Boubacar Keïta ont renoncé à ce que le colonel Assimi Goita, investi vice-président transitoire vendredi 25 septembre, puisse remplacer le président dans la transition qui vient de s’ouvrir en cas d’empêchement de ce dernier, selon un document officiel publié jeudi.

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La junte accède là à une exigence primordiale de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) pour lever les sanctions imposées au Mali le 20 août, au premier rang desquelles un embargo commercial et financier.

Le représentant de la Cédéao au Mali, Hamidou Boly, a indiqué peu avant l’officialisation de cette concession que les sanctions pourraient être levées rapidement, « parce qu’il y a eu des actions majeures » de la junte en direction de la Cédéao. « Peut-être que dans les heures ou les jours à venir, dès que la charte est publiée, nous allons lever les sanctions », a-t-il précisé à la radio de l’ONU au Mali, Mikado FM.

La charte, document fondamental

La junte s’inquiète de l’effet des sanctions sur un pays en proie à un profond marasme économique, en plus de la crise sécuritaire et politique qui fait craindre pour la stabilité du pays et, au-delà, du Sahel.

Les militaires dont le putsch a parachevé des mois de contestation politique alimentée par l’exaspération des Maliens se sont engagés à rendre le pouvoir aux civils à l’issue d’une période transitoire de dix-huit mois. Ils ont élaboré une charte, document fondamental qui organise la transition et qui complète la Constitution existante, sur laquelle elle prévaut en cas de contradiction.

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Aucune version finale de cette charte n’avait été publiée avant jeudi, bien qu’elle ait servi vendredi à fonder l’investiture du président, Bah N’Daw, et du vice-président de transition, le colonel Goita.

Au moins une version officieuse que l’AFP a consultée précisait que le vice-président remplacerait le président en cas d’empêchement de ce dernier. Cette disposition alarmait la Cédéao, inquiète que la junte ne s’en serve pour refaire main basse sur une transition dans laquelle elle joue déjà un rôle prééminent. Elle en exigeait la suppression et réclamait la publication de la charte. Celle-ci a été publiée jeudi au Journal officiel.

Immunité pour les putschistes

« Le vice-président est chargé des questions de défense et de sécurité », précise son article 7, sans mention d’une prérogative de remplacement du président. La charte assigne pour objectifs à la transition le rétablissement de la sécurité sur tout le territoire, dont les deux tiers échappent au contrôle du pouvoir central, « le redressement de l’Etat » et l’organisation d’élections générales.

La durée de la transition est fixée à dix-huit mois, selon le texte, qui dispose que le président et le vice-président ne seront pas éligibles aux élections présidentielle et législatives à la fin de la transition. La charte prévoit la création d’un organe législatif de 121 membres. Elle stipule que les putschistes du 18 août « bénéficient de l’immunité » et ne peuvent être arrêtés pour leur implication dans ces événements.

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Avec un colonel major à la retraite au poste de président de transition, le chef de la junte à celui de vice-président, un certain nombre de militaires attendus à des postes-clés au sein du gouvernement en gestation et des représentants dans le futur organe législatif, la junte conserve une emprise considérable sur la transition.

Cela n’est pas nécessairement vu d’un mauvais œil par les Maliens. Ils ont accueilli le putsch plutôt favorablement et une partie invoquent le temps et l’autorité nécessaires pour créer les conditions d’un redressement dans un pays au bord du gouffre.

La Cédéao, elle, s’inquiète d’une instabilité encore accrue dans un Sahel déjà gagné par la propagation djihadiste et du mauvais exemple régional donné par une junte installée au pouvoir. Toutes les conditions de la Cédéao ne sont pas encore satisfaites. Elle a aussi réclamé la dissolution de la junte et la libération des personnalités civiles et militaires arrêtées lors du putsch et toujours détenues.

Le Monde avec AFP

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