Les deux journalistes du « Monde » blessés dans le Haut-Karabakh en cours d’évacuation vers Erevan puis Paris

0
38

[ad_1]

Le Haut-Karabakh, ce sont des montagnes, des vallées, des gorges et des grottes, des rivières et des fruits. Et la guerre. Larvée, gelée, parfois réanimée, souvent ignorée, et ainsi depuis vingt-six ans et le cessez-le-feu qui a vu l’Azerbaïdjan perdre 13 % de son territoire, au profit de l’Arménie. C’est cette réalité oubliée que sont venus brutalement rappeler les bombardements sur la petite ville de Martouni, jeudi 1er octobre, dans laquelle deux journalistes du Monde, le reporter Allan Kaval et le photographe Rafael Yaghobzadeh, ont été grièvement blessés.

Martouni – environ 12 000 habitants à en croire le dernier recensement – se trouve à une vingtaine de kilomètres de la ligne de front, le long de laquelle, en plusieurs endroits, l’armée azerbaïdjanaise a lancé son offensive dite de « reconquête », le 27 septembre. C’est là qu’Allan Kaval et Rafael Yaghobzadeh s’étaient rendus, dans la matinée du jeudi 1er octobre. Ils souhaitaient constater par eux-mêmes l’étendue des dégâts causés en quatre jours, les deux parties assurant s’infliger mutuellement de lourdes pertes, dans un brouillard de propagande.

Les deux journalistes se trouvaient au centre de Martouni, en compagnie de plusieurs confrères français, arméniens et d’autres nationalités, lorsque des salves de roquettes Grad tirées par les forces azerbaïdjanaises se sont abattues, les atteignant. Joint par Le Monde, Artak Beglaryan, ombudsman (« défenseur ») pour les droits de l’homme dans le Haut-Karabakh, rapporte que quatre civils ont été tués et onze personnes blessées, au total, au cours de ces tirs d’artillerie. « C’était des bombardements totalement indiscriminés, en plein centre », dit-il.

« Demande d’un cessez-le-feu »

Très rapidement, à Paris, le ministère des affaires étrangères s’est fortement mobilisé sur le plan diplomatique et humanitaire, notamment par le truchement du centre de crise du Quai d’Orsay et des ambassades à Erevan et à Bakou, pour faciliter l’évacuation des blessés. Les deux journalistes ont été transférés à l’hôpital de Stepanakert où ils ont été opérés. Ce vendredi matin ils étaient en cours d’évacuation vers Erevan puis Paris.

Jean-Yves Le Drian s’est entretenu avec son homologue arménien. Les appels au cessez-le-feu de ces derniers jours, lancés par les coprésidents du Groupe de Minsk (Etats-Unis, Russie, France), n’avaient guère été entendus. Dans une déclaration commune – phénomène assez rare par les temps actuels pour être souligné –, les présidents Donald Trump, Vladimir Poutine et Emmanuel Macron ont condamné jeudi « dans les termes les plus forts l’escalade de la violence récente sur la ligne de contact dans la zone de conflit du Haut-Karabakh ». Les trois dirigeants ont demandé la « cessation immédiate des hostilités » et appelé les dirigeants de l’Arménie et de l’Azerbaïdjan « à s’engager sans délai à reprendre les négociations de fond, de bonne foi et sans condition préalables, sous l’égide des coprésidents du Groupe de Minsk de l’OSCE [Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe ]. »

Arrivé en milieu de journée à Bruxelles pour participer au Conseil européen, Emmanuel Macron a immédiatement évoqué devant la presse les bombardements du matin. « Nous avons demandé un cessez-le-feu sans condition, en rappelant aussi à la raison toutes celles et ceux qui, parfois, poussent tel ou tel parti à aller au-delà du raisonnable », a rappelé le président, dans une référence à peine voilée à la Turquie, qui soutient militairement et politiquement l’Azerbaïdjan. Au cours de son déplacement en Lituanie et en Lettonie, les jours précédents, M. Macron avait mis en cause les propos belliqueux des responsables turcs. Cette fois, sur la base des données réunies par les services de renseignement occidentaux, le président français est passé au constat opérationnel.

Lire aussi Haut-Karabakh : Macron réclame « des explications » à la Turquie et interpelle l’OTAN

« Nous disposons d’informations aujourd’hui, de manière certaine, qui indiquent que des combattants syriens ont quitté le théâtre d’opération, des combattants de groupes djihadistes, en transitant par Gaziantep pour rejoindre ce théâtre d’opérations du Haut-Karabakh. C’est un fait très grave, nouveau, qui change aussi la donne », a souligné le président français, conforté dans ses critiques répétées, depuis des mois, contre l’aventurisme militaire turc. Celui-ci s’est manifesté en Syrie, contre les alliés kurdes de la coalition occidentale luttant contre l’organisation Etat islamique (EI), puis en Libye.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi Le Haut-Karabakh, nouveau théâtre d’intervention des mercenaires syriens à la solde d’Ankara

[ad_2]

Source link

Have something to say? Leave a comment: