Au Rwanda, l’histoire un peu trop belle de l’hôtel des Mille Collines

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Les lieux du génocide (7/9). Dans le film « Hôtel Rwanda », sorti en 2004, le directeur de l’établissement apparaît en héros hollywoodien ayant sauvé plus de 1 200 réfugiés.

Par Pierre Lepidi et Marion Van Renterghem Publié aujourd’hui à 07h00

Temps de Lecture 6 min.

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L’hôtel des Mille Collines, à Kigali, en avril 2004.
L’hôtel des Mille Collines, à Kigali, en avril 2004. GIANLUIGI GUERCIA / AFP

C’est l’un des plus beaux palaces de Kigali et assurément le plus célèbre. Le dimanche, les familles aisées viennent y déjeuner au bord de la piscine, au son d’un orchestre. Les après-midi en semaine, on vient apprendre à nager, se rafraîchir autour du bassin ou dans le jardin orné de palmiers et de fleurs tropicales. Ouvert en 1973, l’hôtel des Mille Collines est inscrit au programme de toutes les brochures de voyage qui proposent un séjour dans la capitale du Rwanda.

Cet îlot de paix est entré dans l’histoire il y a vingt-cinq ans, car il a permis à 1 268 réfugiés d’être sauvés de la barbarie. L’établissement, à l’époque propriété de la compagnie belge Sabena, est alors l’un des deux seuls hôtels luxueux de Kigali. Situé en centre-ville, il est le rendez-vous des élites et un repaire familier qui a droit à ses petits noms : « l’hôtel des mille combines » parce que les businessmen viennent s’y entendre sur leurs petites affaires, « l’hôtel des mille copines » parce que ces messieurs peuvent y rencontrer de jolies dames. Avec ses suites et son bar-restaurant, on y croise déjà des hommes d’affaires, des diplomates, des trafiquants d’armes, des employés d’ONG, des politiciens ou des chercheurs de diamants.

Présentation de la série Rwanda : les lieux du génocide

Dès les premiers massacres, qui ont commencé dans la soirée du 6 avril 1994 après la mort du président Juvénal Habyarimana, les notables tutsi et certains Hutu modérés tentent naturellement d’y trouver refuge. Ils sont les cibles prioritaires des militaires et des milices génocidaires. Tout autour de l’hôtel, l’apocalypse s’abat sur la ville. Les rues offrent un spectacle abominable. Des monceaux de cadavres découpés à la machette, des femmes éventrées, des enfants fichés sur des piques. La mort diffuse partout sa puanteur âcre.

« Les gens qui arrivaient à l’hôtel étaient dans un état épouvantable, se souvient Wellars Bizumuremyi, réceptionniste au Mille Collines de 1978 à 2013. Ils avaient traversé d’innombrables barrages où ils avaient dû payer pour pouvoir rester en vie. Beaucoup avaient reçu des coups. » Dirigeant de l’hôtel des Diplomates, l’autre établissement de luxe de Kigali, Paul Rusesabagina propose à la Sabena de s’occuper également de l’hôtel des Mille Collines, son manageur néerlandais ayant été évacué. L’homme connaît bien l’établissement, il y a travaillé jadis. La Sabena accepte sa proposition.

Plus de 1 200 dans 113 chambres

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