le couvre-feu prolongé à Louisville

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A Jefferson Square, à Louisville (Kentucky), le 24 septembre.

Un calme apparent était revenu, dans la journée de jeudi 24 septembre, à Louisville après l’annonce de l’arrestation de 127 manifestants dénonçant les suites judiciaires de l’homicide de l’Afro-Américaine Breonna Taylor dans cette ville du Kentucky.

Après les échauffourées de la veille au soir, Louisville avait des allures de ville fantôme alors que certains quartiers demeuraient difficile d’accès, sous le contrôle des forces de l’ordre, selon des journalistes de l’Agence France-Presse (AFP) sur place. « Cela va être plus violent ce soir [jeudi] », confiait Marcus Reede, un quinquagénaire noir travaillant dans un restaurant local. « Les gens en ont assez. »

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« On ne peut plus continuer à être pacifiques »

En début de soirée, une centaine de manifestants se sont rassemblés dans le centre-ville, malgré la prolongation jusqu’au week-end d’un couvre-feu prenant effet à 21 heures. « Je passe souvent devant ma porte d’entrée en me disant la police pourrait venir chez moi et me tuer comme ils ont tué Breonna », a expliqué à l’AFP Grace Pennix, une jeune femme noire de 19 ans. Au sein du même groupe de manifestants : Michael Pyles, 29 ans, venu avec un pistolet à la ceinture, comme l’autorisent les lois du Kentucky. « Nous sommes là pour protéger les nôtres et ceux qui nous soutiennent, a-t-il témoigné. On ne peut plus continuer à être pacifiques. »

manifestation à Louisville (Kentucky), le 24 septembre.

A l’issue d’une nuit durant laquelle deux policiers ont été blessés par balle, les forces de l’ordre de la plus grande ville de l’Etat ont procédé à 127 interpellations. L’un des deux policiers blessés a été soigné à la jambe et « a pu sortir de l’hôpital », tandis que le second, touché à l’abdomen, « est dans un état stable », a précisé le maire de Louisville Greg Fischer. Un homme de 26 ans, identifié comme Larynzo Johnson, suspecté d’être l’auteur des tirs, a été interpellé et pourrait être inculpé de violences volontaires à l’encontre de policiers. Il doit comparaître vendredi devant un juge. Les autorités ont souligné qu’au moins 16 actes de vandalisme avaient été rapportés durant la nuit.

Décision jugée « scandaleuse et insultante »

Le procureur du Kentucky avait annoncé mercredi ne pas poursuivre pour homicide les policiers ayant tué Breonna Taylor. La femme de 26 ans est décédée le 13 mars, quand trois agents ont fait irruption chez elle en enfonçant la porte de son domicile en pleine nuit. Armé, le compagnon de la victime, croyant à une intrusion criminelle, avait ouvert le feu.

Un seul membre du trio policier a finalement été poursuivi, pour mise en danger de la vie d’autrui, en raison de ses tirs qui ont traversé l’appartement de voisins de Mme Taylor. Aucun chef d’inculpation n’a été retenu contre ses deux collègues, pourtant les auteurs des tirs qui ont tué l’Afro-Américaine.

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La décision du procureur du Kentucky a été jugée « scandaleuse et insultante » par l’avocat de la famille de Breonna Taylor, Ben Crump. C’est l’« illustration d’une justice américaine à deux vitesses – protégeant les voisins blancs et ignorant la mort d’une femme noire », a-t-il ajouté jeudi. « Je sais que ces charges annoncées aujourd’hui ne satisferont pas tout le monde », avait admis le procureur de l’Etat Daniel Cameron, disant avoir eu « une discussion difficile » avec la famille de Breonna Taylor.

« La violence n’est jamais acceptable »

De nombreux responsables démocrates ont dénoncé sa décision, à l’image du sénateur Bernie Sanders, qui l’a qualifiée de « honte ». L’adversaire de Donald Trump pour la présidentielle de novembre, Joe Biden, a dit « comprendre la frustration », mais a dans le même temps appelé au calme : « La violence n’est jamais acceptable. »

Martelant à nouveau son slogan « la loi et l’ordre » sur Twitter, Donald Trump a déclaré de son côté « prier pour les deux agents de police blessés » pendant les manifestations.

Boston, Chicago, New York, Washington, Philadelphie… Des rassemblements spontanés se sont aussi déroulés dans d’autres villes du pays, secoué depuis des mois par une vague de mobilisation antiraciste. A Seattle, un engin explosif a été lancé sur un commissariat et 13 personnes ont été interpellées, selon la police locale. « De nombreux policiers ont été blessés, notamment un qui a été frappé à la tête par une batte de baseball ayant fracturé son casque », ont détaillé les autorités.

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Le Monde avec AFP

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