Amnesty International dénonce l’exportation vers la Chine de technologies européennes de surveillance

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Des visiteurs regardent des caméras de reconnaissance faciale lors d’une exposition à Pékin, en Chine, en octobre 2018.

Plusieurs entreprises européennes ont doté la Chine de matériels de surveillance, notamment de reconnaissance faciale, dénonce Amnesty International dans un rapport publié lundi 21 septembre. L’ONG y évoque le géant français Idemia, l’un des leaders mondiaux du secteur de la biométrie – avec 15 000 collaborateurs et 2,3 milliards d’euros de chiffre d’affaires revendiqués.

Amnesty met aujourd’hui en cause Idemia pour la fourniture d’un système permettant de détecter et de reconnaître des visages sur une bande-vidéo au bureau de sécurité publique de Shanghaï. Cette vente, dénonce l’ONG, a été réalisée en 2015 par Morpho, une ancienne filiale de Safran, qui a fusionné avec Oberthur en 2017 pour former Idemia.

« De graves risques pour les droits humains »

Deux autres entreprises sont épinglées par Amnesty : Axis communications, basée en Suède, qui a remporté plusieurs marchés depuis 2012 pour ses caméras numériques de vidéosurveillance – ses produits, écrit Amnesty, « sont activement utilisés dans les projets chinois de surveillance de masse » – et la néerlandaise Noldus Information Technology, qui a vendu à plusieurs organes proches de l’appareil de sécurité chinois des dispositifs de captation vidéo destinés à mesurer les émotions, à analyser les comportements et dans certains cas, le genre, l’âge et l’ethnicité des personnes filmées.

A ce jour, la Chine a maillé son territoire de plus de 200 millions de caméras de vidéosurveillance – qu’elle prévoit de connecter entre elles – et faisant de plus en plus appel à des technologies de reconnaissance faciale, utilisées comme nulle part ailleurs dans le monde. C’est particulièrement le cas dans la province du Xinjiang où, sous couvert de lutte contre le terrorisme, le régime a placé la population ouïgoure sous une surveillance implacable qui permet sa répression à grande échelle.

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Cette fourniture de matériels à un pays qui « abuse de son système de lutte contre la criminalité » et met en en place « de la surveillance massive et indiscriminée » fait peser, selon Amnesty, de « graves risques pour les droits humains ».

Noldus Information Technology et Axis communications ont, selon l’ONG, vendu certains de leurs produits à des entités dans la province de Xinjiang.

« Jamais déployé »

Sollicitée par Le Monde, une porte-parole d’Idemia affirme que le système vendu en 2015 était destiné à des bandes-vidéo préalablement enregistrées et ne pouvait « être utilisé pour une surveillance en temps réel ». « A notre connaissance, le système n’a jamais été déployé », précise Idemia, qui a donné les mêmes réponses à Amnesty.

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