l’UE furieuse contre Boris Johnson, qui l’accuse de préparer un « blocus »

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Le premier ministre britannique, Boris Johnson, quitte Downing Street, le 9 septembre 2020 à Londres.

A l’orée de la reprise de leurs négociations commerciales post-Brexit, le ton est encore monté dimanche 13 septembre entre Londres et les membres de l’Union européenne (UE). L’Irlande a dénoncé comme « fausses » les accusations du premier ministre britannique, Boris Johnson, selon lesquelles l’Union européenne le menacerait d’instaurer un « blocus » en Irlande du Nord. Samedi, M. Johnson avait dit être contraint de revenir en partie sur ses engagements face à la « menace » que l’UE instaure un « blocus » en Irlande du Nord et empêche des denrées alimentaires du reste du royaume d’y pénétrer.

« Ce n’est tout simplement pas le cas, a réagi dimanche sur Sky News la ministre de la justice irlandaise, Helen McEntee. Toute insinuation selon laquelle cela va créer une nouvelle frontière est tout simplement fausse. » Le ministre des affaires étrangères irlandais, Simon Coveney, a souligné pour sa part sur la BBC que l’attitude du gouvernement « portait atteinte à la réputation du Royaume-Uni en tant que partenaire de confiance ».

A l’origine de la dispute se trouve un projet de loi que le gouvernement britannique a présenté mercredi 9 septembre au Parlement et qui contredit en partie l’accord déjà signé encadrant la sortie du Royaume-Uni de l’UE – une manœuvre violant le droit international, du propre aveu de Boris Johnson. Ce texte controversé donnera à Londres le pouvoir de prendre unilatéralement des décisions commerciales dans sa province d’Irlande du Nord, pouvoirs censés être partagés avec les Européens selon l’accord de Brexit. Il enfreint ainsi des dispositions clés du traité conclu l’an dernier, qui vise à assurer une concurrence loyale après le Brexit et à éviter le retour d’une frontière, conformément à l’accord de paix de 1998 qui a mis fin à trois décennies de troubles dans la province.

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« La crédibilité internationale de la signature du Royaume-Uni est en jeu »

« Il est temps pour le gouvernement britannique de prendre ses responsabilités », a réagi dimanche sur Twitter le président du Conseil européen, Charles Michel, l’exhortant à mettre en œuvre l’accord déjà signé car « la crédibilité internationale de la signature du Royaume-Uni est en jeu ». Dans une interview publiée par Le Parisien, le secrétaire d’Etat français aux affaires européennes, Clément Beaune, a jugé « inconcevable » qu’une « grande démocratie » comme le Royaume-Uni « revienne sur un texte qu’ils ont eux-mêmes négocié et voté, reniant la parole donnée ».

Volant au secours de Boris Johnson, le négociateur britannique, David Frost, a cependant affirmé que l’équipe européenne avait « explicitement dit », lors de leur précédente session de négociations, que le Royaume-Uni ne serait pas « automatiquement » mis sur la liste des pays autorisés à exporter de la nourriture en Europe. Et « si la Grande-Bretagne n’entre pas sur cette liste, ce sera automatiquement illégal pour l’Irlande du Nord d’importer de la nourriture depuis » le reste du pays, a-t-il expliqué dans une série de Tweet, en amont de sa rencontre la semaine prochaine avec son homologue européen, Michel Barnier, à Bruxelles.

Un « no deal » à haut risque

L’examen du texte va commencer dès lundi à la Chambre des communes, où le gouvernement conservateur dispose d’une majorité de 80 sièges. Mais certains députés conservateurs rebelles menacent de ne pas voter le texte et demandent au ministre de la justice britannique, Robert Buckland, de démissionner pour marquer son désaccord. Le chef de l’opposition, le travailliste Keir Starmer, a demandé dans le Sunday Telegraph au premier ministre de revenir sur son projet de loi, le jugeant « mauvais » et « contre-productif », afin « d’avancer sur le Brexit » pour mieux s’occuper de la crise sanitaire.

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Le gouvernement britannique ne semble pas enclin à céder, même si les dirigeants du Parlement européen ont menacé vendredi d’opposer leur veto à tout pacte commercial si Londres ne tenait pas ses promesses. L’escalade des tensions risque de compliquer les discussions prévues la semaine prochaine à Bruxelles pour arriver à un accord commercial et éviter un « no deal » à haut risque le 1er janvier.

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Le Monde avec AFP



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