nouveaux affrontements malgré le « pardon » du gouvernement

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La police anti-émeute monte la garde lors d’une troisième journée consécutive de manifestations contre la brutalité policière à Medellin, en Colombie, le 11 septembre.

Les excuses du gouvernement n’ont pas calmé la colère des manifestants. Le ministre de la défense, Carlos Holmes Trujillo, a demandé « pardon », vendredi 11 septembre, après la mort mercredi de Javier Ordoñez. L’arrestation brutale de cet homme de 43 ans, diffusée sur les réseaux sociaux, est à l’origine de deux jours d’émeutes contre les violences policières, qui ont fait 13 morts, pour la plupart des jeunes de 17 à 27 ans tués par balles à Bogota et ses environs, alors qu’en fin de soirée les affrontements reprenaient à Bogota, selon les journalistes de l’Agence France-Presse (AFP).

Le président Ivan Duque, qui a dit regretter « ces actes de vandalisme et de violence », a promis d’enquêter sur les abus présumés des forces de l’ordre tout en condamnant les attaques contre la police. Les autorités ont également fait état de 209 civils et 194 policiers et militaires blessés. Quelque 2 000 policiers et militaires ont été appelés pour renforcer la sécurité de la capitale.

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« Ce “pardon” n’est qu’un mensonge »

Les manifestants ont répondu en soirée aux appels à manifester dans la capitale sous le slogan « Nous sommes massacrés ». « Ce pardon n’est qu’un mensonge auquel nous ne croyons pas. Que vaut un pardon quand on vous tire dans le dos », enrageait un enseignant de 26 ans, qui n’a pas souhaité révéler son identité par peur de représailles. « J’en ai marre des abus policiers. Il est temps de montrer que les gens sont furieux », déclarait à l’AFP Camilo Medina, un musicien de 20 ans, qui a tenu une nouvelle fois à manifester vendredi soir.

Après son arrestation, Javier Ordoñez, cet ingénieur de 43 ans qui achevait ses études de droit, avait été emmené dans un commissariat où il a été victime de « complications médicales », selon la police, avant de décéder peu après à l’hôpital.

Selon la défense de sa famille, les policiers ont « massacré » ce père de deux enfants, en le rouant de coups. « J’ai des photos (…) c’est un homicide aggravé et un délit de torture, du moins un abus d’autorité », a déclaré l’avocat Vadith Gomez à la radio locale Blu Radio. Le rapport d’autopsie n’a pas encore été rendu public.

Selon le ministre de la défense, outre l’enquête pénale, une enquête interne a été diligentée « pour abus d’autorité et homicide présumés ». Au total, sept policiers ont été suspendus.

« Usage aveugle » de la force

La maire de Bogota, Claudia Lopez, opposante au président conservateur, a recensé dans la capitale 68 civils blessés par balles et déclaré qu’elle disposait de preuves « solides » d’un « usage aveugle » de la force. Des vidéos postées sur les réseaux sociaux montrent des personnes en uniforme répliquant avec leur arme à feu à des attaques.

« Ils ont désobéi aux instructions expresses et publiques de la mairie. Alors à qui obéissent-ils ? Il faut la justice, l’action et la réforme ! », a écrit Mme Lopez vendredi sur Twitter. Ce qui s’est passé ces derniers jours « est brutal, c’est grave, c’est un vrai massacre de jeunes dans notre ville », a-t-elle ajouté par la suite.

Selon la politologue Sandra Borda, la police « a un très haut degré de militarisation » en raison du long conflit avec les guérillas et de la lutte contre le trafic de drogue, ce qui influe sur sa vision du maintien de l’ordre. La police « ne devrait pas relever » du ministère de la défense, qui exige des résultats « face à des ennemis », alors qu’elle « fait face à des citoyens », estime auprès de l’AFP Sebastian Lalinde, de l’ONG Dejusticia.

Amertume envers les forces de l’ordre

Jamais la police n’avait été l’objet d’une telle colère sociale en Colombie. L’institution a joui d’une grande popularité pendant le conflit armé, notamment contre les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC). Mais depuis des mouvements sociaux sévèrement réprimés en 2019, l’antagonisme est prégnant.

La vidéo virale où Javier Ordoñez supplie les policiers d’arrêter de lui infliger les décharges de leurs pistolets à impulsions électriques a exacerbé la colère populaire contre la police, déjà au plus haut depuis l’épidémie de Covid-19.

Des cas de personnes tabassées ou même tuées, comme un jeune de 19 ans à Cali en mai, car elles n’avaient pas respecté le confinement, ont rehaussé l’amertume envers les forces de l’ordre. Selon des données officielles, la police a arrêté 940 personnes en 2019, et 7 791 entre mars et mai 2020.

« Ça devait exploser, analyse Mme Borda. Les gens se méfient ouvertement de la police et la police pense que l’ennemi ce sont les citoyens qui sortent manifester. »

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Le Monde avec AFP



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