« Il faut se savoir soutenu pour tenir soi-même »

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Tribune. Le mercredi 9 septembre, Svetlana Alexievitch s’est adressée aux écrivains et intellectuels russes, dans une lettre ouverte, pour se plaindre – dignement – de leur silence actuel.

Alors que des hommes masqués ne cessent de sonner à sa porte pour la terroriser. Alors que les six autres membres du praesidium du Conseil de coordination ont été arrêtés par ces mêmes hommes masqués, ou contraints de s’exiler.

Il faut mesurer ce que cela veut dire : l’immense écrivaine qu’elle est, la démocrate qu’elle est aussi, reste l’unique membre de ce groupe à être encore libre d’aller et venir dans son appartement, et seulement là. Elle n’est plus libre de sortir, et vit avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête – pour une fois ce n’est pas une image ; dans l’ancienne sphère soviétique, les opposants sont aujourd’hui abattus (Boris Nemtsov) ou empoisonnés (Alexeï Navalny).

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Il faut comprendre ce que cela veut dire : cette femme qui aura eu le courage d’écrire les chefs-d’œuvre qui lui ont valu le Nobel de littérature en 2015, se heurtant dès 1985, avec La Guerre n’a pas un visage de femme, aux derniers chiens de garde du régime soviétique, à sa police politique, cette femme de 72 ans est à nouveau menacée par des policiers.

Bourreau

Svetlana Alexievitch se sera donc battue toute sa vie contre la terreur exercée par les pouvoirs politiques des pays où ses livres devaient être entendus, puisqu’ils décrivaient l’histoire récente et le présent des républiques socialistes soviétiques. Le président [de la Biélorussie] Alexandre Loukachenko semble aujourd’hui vouloir être son bourreau.

Parce qu’elle a mené tous ces combats littéraires et politiques, les écrivains du monde entier – et non simplement ceux du Pen Club russe – sont en dette vis-à-vis de Svetlana Alexievitch. Elle nous le rappelle : on n’écrit pas de très grands livres impunément. On n’écrit pas de très grands livres sans faire preuve d’un courage immense. Sans s’enfoncer, aussi, dans une solitude sans retour.

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S’il ne nous est pas possible de nous rendre à Minsk pour appuyer ceux des militants et des journalistes qui ont le courage d’approcher son immeuble pour faire rempart de leur corps, au moins pouvons-nous tenter de dire haut et fort que ce dernier rempart ne doit pas tomber.

Nous ne réagissons pas seulement parce que Svetlana Alexievitch est une immense écrivaine ; si nous lui témoignons aujourd’hui notre admiration et notre soutien, c’est en espérant faire pression sur l’Union européenne pour qu’elle vienne en aide au peuple biélorusse résumé dans la personne de cette femme au courage extraordinaire. Et parce qu’il faut se savoir soutenu pour être en mesure de tenir soi-même.

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