« Pour les citoyens, le travail de témoin est indispensable »

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A Minsk, le 13,août, des militaires en bus adressent un signe de victoire aux femmes, qui ont formé une chaîne de solidarité.

Alexander Vasukovich, 35 ans, est né et vit à Minsk. Depuis le scrutin présidentiel du 9 août, ce photographe indépendant, habitué des projets au long cours, arpente les rues de la capitale biélorusse aux côtés des manifestants qui contestent la réélection d’Alexandre Loukachenko.

Depuis le 9 août, la répression violente alterne avec des phases d’accalmie. Comment couvre-t-on un tel événement, en dépit des dangers ?

On apprend d’abord à vivre avec l’inquiétude. Quand je sors le matin faire des photos, je ne sais pas si je rentrerai chez moi le soir, ou si je serai en prison. Les policiers sont partout : les forces antiémeute, mais aussi des agents en civil. On ne peut rien faire contre eux : ils vous surveillent, vous arrêtent et décident de votre sort. Malgré ma vigilance, j’ai été arrêté une fois, et détenu pendant vingt-quatre heures pour avoir participé aux manifestations. J’ai eu de la chance…

Après les résultats de l’élection, en août, la police prenait ostensiblement pour cible les journalistes. Je les ai vus tirer des balles en caoutchouc sur des confrères, pourtant accrédités par les autorités pour couvrir l’élection. Personnellement, je travaille sans autorisation du ministère, mais je ne cache pas non plus mon identité. J’essaie juste de ne pas me préoccuper de ce qu’il pourrait m’arriver. Je ne porte sur moi aucun signe apparent de mon appartenance à la presse, car cela attirerait l’attention et me desservirait. Je reste autant que possible parmi les manifestants pour rester discret.

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L’élection présidentielle de 2010 avait déjà suscité des manifestations contre la fraude, que vous aviez photographiées. Qu’est-ce qui est différent en 2020 ?

A l’époque, les contestataires s’étaient aussi rassemblés sur la place de l’Indépendance, avant d’en être violemment chassés par la police. La terreur organisée par le pouvoir a fonctionné : la peur et le silence se sont imposés de nouveau. En 2020, on assiste à la plus grande mobilisation de l’histoire du pays ! La répression n’en est que plus violente. Les citoyens sont sans cesse intimidés, menacés, mais ils ne cèdent pas. Les manifestations leur donnent de la force. Une solidarité s’est installée : on partage l’eau, la nourriture, la peur. On se protège les uns les autres et, ensemble, on défie le pouvoir.

Je suis très fier d’assister à cette mobilisation citoyenne. Un espoir que je n’avais encore jamais ressenti est en train de naître. Beaucoup de gens viennent me voir pour me dire merci. Ils savent que le travail de témoin est indispensable à la survie du mouvement, et à quel point ce travail est risqué. Et ça fait chaud au cœur. Nous savons aussi que le prochain chapitre du soulèvement sera violent, très violent. C’est toujours par la violence que le pouvoir règle ses comptes avec le peuple.

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