Les Emirats arabes unis, « grandes oreilles » du Golfe

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La fédération a orchestré en 2016 et 2017 une gigantesque opération d’intrusion dans les smartphones de personnes jugées hostiles. Et n’hésite pas à déstabiliser son ennemi qatari par des piratages.

Par Benjamin Barthe Publié aujourd’hui à 05h17, mis à jour à 05h23

Temps de Lecture 4 min.

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Le cheikh Mohammed Ben Rached Al-Maktoum, premier ministre des Emirats arabes unis, en 2015.
Le cheikh Mohammed Ben Rached Al-Maktoum, premier ministre des Emirats arabes unis, en 2015. MARWAN NAAMANI / AFP

LETTRE DE BEYROUTH

Le conflit entre le Qatar et ses voisins du Golfe, aussi acrimonieux soit-il, n’a jamais dégénéré en affrontements armés. Même si l’idée d’envahir la presqu’île a pu effleurer l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis, qui accusent Doha de collusion avec l’Iran et les mouvements islamistes, l’opposition des Etats-Unis à tel projet l’a probablement tué dans l’œuf.

En revanche, dans l’univers dématérialisé de l’Internet, de la télévision satellitaire et de la téléphonie mobile, les deux camps n’ont pas retenu leurs coups. Propagande, espionnage, sabotage : la guerre électronique a instantanément fait rage, les Emirats arabes unis faisant preuve dans ce domaine d’une ardeur toute particulière.

Selon une enquête exclusive de l’agence Reuters, dont le premier volet est sorti fin janvier et le second début avril, la fédération de sept cités-Etats, dirigée depuis Abou Dhabi, a orchestré en 2016 et 2017 une gigantesque opération d’intrusion dans les smartphones de centaines de personnes jugées hostiles à ses ambitions.

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Parmi les cibles figuraient de nombreux hauts dirigeants qataris, dont le premier d’entre eux, l’émir Tamim Al-Thani, des alliés de la presqu’île, tel l’ancien vice-premier ministre turc Mehmet Simsek et aussi des figures de la scène médiatique proche-orientale, perçues comme proches de Doha, à l’instar de la libanaise Gisèle Khoury, présentatrice d’un talk-show sur la BBC en arabe.

« Peur de la propagation des printemps arabes »

Mise en œuvre par les services secrets émiratis, grâce à des moyens techniques ultra-sophistiqués et avec le concours d’anciens agents des renseignements américains débauchés à grands frais, cette politique d’écoute tous azimuts révèle combien les Emirats arabes unis sont devenus les « grandes oreilles » du Golfe.

« Parmi les monarchies du Golfe, les Emirats sont les premiers à s’être dotés de capacités cybernétiques défensives et offensives, explique Jean-Marc Rickli, directeur des risques globaux au Centre de politique de sécurité de Genève et spécialiste de la péninsule arabique. La peur de la propagation des printemps arabes les a incités à investir massivement dans la techno-surveillance. Ils ont un temps d’avance sur leurs voisins. »

La crise du Golfe est d’ailleurs le fruit du – mauvais – génie électronique émirati. Elle a débuté au mois de mai 2017, par la publication, sur le site de l’agence de presse qatarie (Qatar News Agency, QNA), d’un étrange communiqué, affirmant qu’à l’occasion d’une remise de diplôme à des élèves officiers, l’émir Tamim avait qualifié l’Iran de « puissance islamique » et présenté le Hamas palestinien et le Hezbollah libanais, deux factions islamistes, comme des « mouvements de résistance ».

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