Deux ex-soldats birmans avouent des crimes contre les Rohingya

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Vue aérienne d’un village Rohingya détruit, en Birmanie, le 1er août 2018.

En seize minutes, toute l’horreur semble dite, presque mécaniquement. Sur des vidéos, visionnées par Le Monde, deux anciens soldats de l’armée birmane égrènent les meurtres, les viols et les pillages commis contre les Rohingya en 2017. Ils détaillent la chaîne de commandement, nomment les chefs, identifient leur rang et dénoncent leurs ordres. Les deux hommes sont désormais entre les mains de la Cour pénale internationale (CPI). Ils seraient arrivés à La Haye lundi 7 septembre, indiquent deux sources au Monde.

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Interrogés et filmés au cours de l’été par les rebelles de l’Arakan Army (AA), les deux anciens soldats semblent déposer comme s’ils étaient déjà face à des juges. Vêtus de leurs uniformes, assis face caméra, ils confessent les crimes en détail, donnant les noms de villages et la localisation des fosses communes dans lesquelles ils ont jeté les corps des Rohingya. « Nous les abattions et nous débarrassions d’eux en appliquant l’ordre de tuer tout le monde, enfants ou adultes », relate l’un d’eux, qui précise avoir agi sur ordre direct de son lieutenant-colonel, à la tête du bataillon. Leurs témoignages, dont l’existence a été révélée mardi par le New York Times, sont les premiers venus des rangs mêmes de l’armée birmane, sur les massacres commis à l’été 2017 à l’encontre de la minorité musulmane, conduisant à l’exode au Bangladesh des deux tiers de sa population d’un peu plus d’un million de personnes.

« C’est un moment crucial pour les Rohingya et pour les peuples de Birmanie dans leur quête de justice », assure Matthew Smith, directeur de l’ONG Fortify Rights, qui travaille sur le drame des Rohingya. L’armée birmane a toujours nié l’existence d’attaques massives contre les Rohingya tandis que la dirigeante Aung San Suu Kyi, répondant à l’affaire portée par la Gambie au nom de l’Organisation de la coopération islamique, devant la Cour internationale de justice (CIJ) cette fois, a considéré en décembre 2019 que « l’intention génocidaire ne peut être l’unique hypothèse » des violences, tout en reconnaissant « la souffrance de plusieurs innocents ».

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Bénédiction de leurs supérieurs

Dans ces vidéos tournées en juillet par une guérilla rebelle en conflit avec l’armée birmane, l’AA, le soldat Myo Win Tun, 33 ans, dit avoir été impliqué dans l’exécution de femmes, d’hommes et d’enfants et reconnaît un viol dans le village de Taung Bazar, en septembre 2017. Le deuxième classe Zaw Naing Tun, âgé de 30 ans, estime que son groupe a bien tué 80 musulmans, y compris des vieillards, et rasé une vingtaine de villages. Un jour de septembre 2017, dans le village de Zin Paing Nyar, dix Rohingya ont été ligotés puis abattus vers 15 heures par cinq soldats dont lui-même, qui creusèrent un trou ensuite, pour finir la besogne aux alentours de 17 heures : « Il a fallu deux heures pour les enterrer. »

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